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Table ronde, "Tati aujourd'hui" : notes perso.

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Message par johnny aka CYRIL Dim 19 Avr - 18:31



Tati étant apparemment le parent pauvre des fiches de notre cher forum et pour contribuer à l’effort remarquable de tout nos ficheurs (qui méritent une palme à la fin de l’année et auxquels vos délégués rendent déjà hommages) voici ci-dessous le compte rendu approximatif et sous forme de notes successives (ne vous attendez pas un enchaînement tout à fait fluide) d'une des conférences de la cinémathèque sur le bonhomme. Pour les hypokagneux qui ne font pas déjà une overdose de Tati et surtout pour ceux qui n'y étaient pas (c'est à dire à peu près tout le monde puisque j’étais seul présent ). En outre la plupart des éléments suivants si vous avez commencez vos recherches peuvent vous être déjà familiers et peuvent se retrouver dans d’autres sources. Si quelque chose n’est pas claire signalez le moi. Excusez les éventuelles fautes. Enjoy.

"Diffusion d'extraits vidéos. Notamment des interviews de Tati dont une où il critique l'idée qu'un film comique se doit d’avoir une intrigue comme toute œuvre de fiction. Chez Tati pas de dramaturgie a proprement parlé. Selon lui il s’attache à « jouer sur le gens » « pas de façade » dans ses films il s’agit pour le spectateur « d’observer comme le réalisateur » les détails du quotidien. Un récit avec des fautes n’est pas un problème pour lui (renvois à Jour de Fête et son relatif manque de rigueur formelle et narrative) : au contraire c’est l’expression même de la liberté artistique. A ce titre l’adaptation filmique (le fameux sujet de dossier qui m’a longtemps empêché de dormir) lui apparaît comme « une paresse commercial », dans le sens où ayant à reformuler une œuvre qui existe déjà l’on ne prend plus la peine de regarder le monde. Trop facile, loin du réel, pour Tati ce n’est pas vraiment du cinéma. Si les adaptations sont paresseuses dans leurs conceptions un film comme Playtime (qui en aurait douté) dans la perspective cinématographique décrites par Tati est une œuvre véritablement artistique. Car dit Tati « le film continue dans la rue » puisque dès le départ on a dans le film « des images de la rue devenue écran ». Films de Tati pour L’œil. Regard qui note les détails particuliers du réel. Pour Tati bien sûr il ne fait pas un film pour de l’argent, ou pour « d’autres mauvaises raisons » mais avant tout dans l’optique d’un « free artistique control » (en anglais attention on sent l’influence de son public outre-atlantique). Tati rappelle enfin son rôle de cinéaste militant pour la reconnaissance des jeunes courts métrages (CF. extrait d’un discours qu’il prononce après avoir gagné un prix au Festival des Césars de je sais plus quelle année) et il soutient le devoir pour le cinéma de laisser les jeunes s’exprimer. (Thématique évidemment présente chez Tati, à la fin de Parade par exemple) Fin des extraits projetés, début des interventions de Macha Makeieff, Mister professeur Goudet (qu’on connaît tous n’est ce pas) le cinéaste Bruno Podalydès et Sylvain Chomet. Tati, homme d’art plastique mais aussi de music hall à ne pas oublier. Univers filmique riche malgré le faible nombre de ses films. (6 au compteur) Objet à comprendre – ressentir – transmettre. Qui implique à priori toutes les générations. Des films facilement accessibles mais en fait complexes sur le plan cinématographique (ordre des plans, logique des sons etc.) Exemple du son de la gare dans les vacances de M. Hulot : scène peu réaliste (les passants qui apparaissent et disparaissent étant toujours les mènes) mais qui démontre bien tout le pouvoir comique chez Tati du son et en même temps de la désinvolture dont il fait preuve à l’égard de la langue. Chez Tati en plus d’être mineur le dialogue est souvent volontairement confus : Qui parle ? Comment ? C’est un usage particulier des paroles où « tout le monde parle mais rien n’est entendu ». Ceci en accord avec la pudeur propre au Tati cinéma où par exemple l’on n’a pas à savoir ce qui est dit. De fait il n’y a pas ou peu de psychologie, sociologie chez Tati. Hulot en ce sens est un héros muet atypique dont on ne sait presque rien. Un Tati film n’est une entrée sur les gens mais une « fenêtre » temporaire sur le monde. Dans Playtime le monde est notamment opaque dans les mélanges des langues qui s’entrecoupent. Même Harpel dans mon oncle est faiblement une représentation sociologique de la bourgeoisie. Le monde chez Tati est alternatif, décalé, bien que lié au notre il n’est pas au sens propre réaliste. Tati’s world (comme le cinéaste aurait pu le dire) est « un regard mais sur un monde qui n’existe pas » ou en tout cas pas encore. La Tati langue (oui je sais comme les appellations ridicules « Tatillon » « tatitanic » et autres de l’expo) est comme une langue étrangère pour un français qui n’en connaît aucune : on en retient moins un sens qu’un son familier. L’important pour Tati vis-à-vis de langue c’est qu’elle produise un effet musical qu’on puisse tous reconnaître malgré le décalage.


Il y aussi évidemment un autre langage que la linguistique chez Tati : il s’agit du corps. Le langage physique a cette prépondérance chez Tati du fait que tout type de public peut le comprendre. D’où en partie une des raisons de sa popularité au Etats-Unis. Le recours aux gestuelles est donc un élément universel pour Tati mais il produit d’un autre coté un certaine absence d’identité dans les personnages. Tati préfère toujours laisser la parole aux autres au sens propre (dans sa vie personnelle où il écoutait plus qu’il ne parlait) comme figuré (dans ses films où le paysage, le bruit, les affiches renseignent et parlent autant que d’autres formes d’expression). Affaire de transmission une fois encore pour Tati que de reléguer l’information moins dans les dialogues que dans les multiples éléments visuels et sonores du décor. Il y a bien du sens chez Tati mais il s’est en partie « perdu en cours de route ». De même malgré leurs raretés du fait de l’importance du corps les jeux de mots ne sont pas absents chez Tati mais très ponctuels. Appréhension chez Tati de la faiblesse dans le langage de la redondance, dire ce qui est déjà perçu. (même si la redondance peut être réussis, CF. la blague dans les Vacances du couple qui trouve des coquillages avec la femme qui énonce chacune de ses trouvailles pour que aussitôt son mari les jettes sur le coté sans qu’elle s’en rendre compte) Dans un Tati volontairement pas de synchronisation totale entre le son et l’image. Dans la vie le cinéaste-mime était réservé d’où l’idée qu’il considère plus aisée de parler de l’intime par le biais de l’art. D’où aussi que dans ses films le dialogue conventionnel soit toujours parasité.

Tati pratique métaphoriquement un art du spectateur qui rentre sur scène et non pas se contente de regarder. (CF. le concept de « démocratie du rire » dans Playtime). Tati présente un héros toujours dépassé, jamais acteur (ou involontaire), toujours victime. Dans toute sa démarche de conserver chez ses personnages leurs vie privée (d’où comme conséquence le fait de peu recourir au gros plan) Tati est l’exacte opposée de la transparence propre au 21ème siècle actuel et « se rapproche par contre d’auteurs comme Hergé » (eh oui Tintin et compagnie) où le passé du héros restait relativement de coté de sorte que l’on ne sache presque rien de lui mais qu’on s’y identifie quand même.

On réitère que Tati commence toujours ses films en amont par un métier d’observateur et qu’ensuite il s’attache à creuser la signification de ce qu’il montre. Il ne suffit pas de voir et de récréer ce qu’on n’a vu pour dire quelque chose en langue cinématographique. Contre-exemple du gag des doigts dans le nez dans Traffic où Tati semble céder à la facilité du connu et du voyeurisme répétitif et l’idée d’un film rupture dans Traffic où la poésie n’est plus aussi accomplie que dans Playtime. Le travail de Tati est donc bien plus considérable qu’une simple recherche de gags, pour lui il s’agit de relever tout ce qui brise l’ordinaire. Il faut parfois près d’un 1 an pour Tati pour qu’un Gag par l’épreuve du temps puisse être validé. (On comprend mieux pourquoi autant d’années peuvent s’écouler entre ses différents films) Tati ne se refuse cependant pas à parfois reprendre des idées comme des récurrences. (Les traces de pas de M. Hulot par exemple) Enfin « Tati tatillon » est un insatisfait et en ce sens proche du peintre : il n’a de cesse de retoucher ses films et de reformuler ses principes (son héros fétiche Hulot notamment). Le public doit volontairement se perdre le temps du film et à sa sortie dans un cercle créateur. Toute l’épreuve pour un Tati et son spectateur est « de se mettre à la bonne disposition pour voir » ou mieux voir. »

Fin des interventions. Tati-Remerciements, Tati-questions en tout genres. Remballage des affaires et impression d’avoir un peu mieux compris la Tati’s touch, mais l’étrange conclusion tirée que en bref ce que Tati attend de nous spectateurs à chacune des fin de ses films c’est qu’on sorte du cinéma et qu’on continue nous-mêmes de faire les zigotos, qu’on saute dans la rue et qu’on déplace nos corps comme M. Hulot! J’espère vous avoir éclairé…



Votre délégué en crise de révisions désespérées.





johnny aka CYRIL
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Message par Lilas Dim 19 Avr - 19:43

Merci, c'est gentil de ta part!

De mon côté, j'ai pris quasiment toutes les citations de l'expo en notes, ainsi que quelques trucs assez intéressants à la conférence "Éloge de la maladresse" (qui, comme son nom l'indique, a traité de tout sauf de la maladresse), mais en ce moment, c'est un peu la bourre, donc si ça vaut vraiment la peine de les retaper, dites le moi, et je balancerai tout ça après la premier bloc d'épreuves.
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Message par Hughito Lun 20 Avr - 0:40

Merci Johnny, t'assures
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Message par Charline Mer 6 Mai - 15:38

Oui merci bien! =) Je te ferais un petit cygne pour la peine! ^^
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