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fiche philo critique de la Raison pure (Kant)

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Message par Clémence Dim 5 Oct - 20:19

Kant, Critique de la Raison pure, Introduction

(un conseil, asseyez vous, respirez à fond, prenez un café, j'espère que vous arriverez à me suivre, en le relisant je crois je me perds moi même...)

Toute connaissance commence avec l’expérience (mais n’est pas le résultat de l’expérience) :
Les sens nous permettent d’avoir une représentation, ce qui permet le raisonnement.

Connaissances a priori (absolument indépendantes de toute expérience cad pures).
≠ connaissances empiriques, a posteriori (source = expérience)
Par ex, « une cause induit un changement » est une proposition a priori mais pas pure car le concept de changement est tiré seulement de l’expérience.
Pbm : expérience n’ a pas une universalité vraie ou rigoureuse mais seulement comparative ou supposée, par induction.
Une connaissance a priori est universelle et nécessaire (par ex, le concept de cause, de substance).
La Raison pure a des pbm inévitables : Dieu, la liberté, l’immortalité, car aucun expérience n’est possible. La science de la solution de ces pbm est la métaphysique (qui va au delà de l’exp sensible). Mais la métaphysique a tendance à être dogmatique et ne s’occupe des fondement qu’après.
Comment l’entendement peut-il parvenir à toutes ces connaissances a priori ?

Il y a 2 rapports entre sujet et prédicat :
1) le prédicat(cad un attribut, une qualité que l’on peut déduire logiquement à partir d’un concept) B appartient au sujet A : il y a rapport d’identité. Le jugement est alors affirmatif, explicatif, on dit qu’il est analytique. Il peut décomposer le concept A sans en sortir pour former son jugement, il n’a donc aucun besoin de l’expérience pour cela.
2) le prédicat B est hors du concept A mais en liaison avec lui, B ajoute qq chose à A : c’est un jugement extensif dit synthétique. Les jugements d’expérience sont tous synthétiques : il y a synthèse de deux concepts fondés sur l’expérience, donc ajout.

Mais il y a des jugements synthétiques à priori, par ex « tout ce qui arrive a sa cause » : la cause est extérieure à, différente de, non contenue dans « tout ce qui arrive » cad l’existence. Le concept de cause réside en dehors du concept de finalité et pourtant lui appartient nécessairement.
C’est le propre des maths que de donner des jugements toujours synthétiques a priori. Par ex, entre deux points, la ligne droite est le plus court chemin : le concept de droite et celui de courte distance sont synthétisés par l’intuition.
Les sciences de la nature physique contient des jugements synthétiques a priori (cad des principes). Par ex « la quantité de matière reste inchangée ».
La métaphysique le doit aussi. Par ex, le monde doit avoir un commencement.
Comment les jugements a priori sont-ils possibles ?
Selon Hume, l’habitude prend l’apparence de la nécessité, hors les maths pures sont possibles car prouvées par leur réalité.
La métaphysique est réelle aussi, pas comme science mais comme disposition naturelle (la metaphyisca naturalis ). Les questions que se pose la pure Raison naissent de la nature humaine universelle.
La critique de la Raison est une science particulière, mais un usage dogmatique conduit à des affirmations sans fondement, et donc au scepticisme.
La Raison est le pouvoir fournissant les principes de la connaissance a priori : y a-t-il un système de la Raison ? D’où la nécessité de la critique de la Raison pure comme propédeutique (cad comme étude préparatoire) et non comme doctrine. Cette critique sert à clarifier notre Raison.

la connaissance transcendantale s’occupe de notre mode de connaissance des objects en tant que possible en général. Le système de tels concepts est celui de la philosophie transcendantale, qui permet de rectifier les connaissances. C’est une philosophie spéculative car détachée de l’exp sensible que rien ne rapporte aux sources empiriques de la connaissance.

En conclusion, les deux souches de la connaissance humaine sont :
- La sensibilité par laquelle les objets nous sont donnés, mais qui contient des représentations a priori (pour que ces objets nous oient donnés)
- -L’entendement par lequel les objets sont pensés.


Voilà, maintenant, faîtes fonctionner votre entendement pour comprendre tout ça…
Clémence
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Message par Lilas Dim 5 Oct - 20:52

"...et de me prosterner à genoux devant cet acte de grande noblesse."
Merci mille fois Clémence; même si je ne serai certainement jamais en mesure de vérifier par moi-même si tout ce que tu dis est vrai (absence d'expérience, haaa-ha!), je respecte infiniment ce que tu viens d'entreprendre ^^
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Message par laura Dim 5 Oct - 21:41

merciii bcp!!
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Message par Hughito Lun 6 Oct - 13:34

Mais tu es dingue c'est interdit de lire ça!
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Message par Sarah Lun 6 Oct - 18:11

merci !!!

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Message par Gaelle Ven 10 Oct - 17:35

Merci beaucoup et bon week end à tous plongé ds notre chere dissert
et tous ces effort pour un résultat.... Non on va s'arreter la

Gaelle

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Message par Charline Ven 10 Oct - 20:48

Moi je vous propose des extraits des textes que la prof avait conseillé pour pouvoir faire des citations. Ce sont seulement des cours extraits mais moi j'y ai trouvé mon compte... J'espère que ca pourra vous faire gagner du temps dans vos recherches. Comme ca au lieu d'avoir tous 2 on atteindra peut etre le 3/20!
Et voici aussi un site où il y a BEAUCOUP de textes de l'antiquité grecque et en entier! Notamment les textes d'Ariste et de Platon, pour ceux qui auraient le courrage de les lire en entier... (mais attention c'est assez mal organisé: c'est pas tjrs facile de trouver les textes, donc je met aussi le lien vers les textes d'Aristote et de Platon, mais si non c'est super complet!)

http://www.remacle.org/
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/table.htm
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/loisindex.htm

..................................................

ARISTOTE, Métaphysique, A, 1 981a-b
C’est la mémoire qui forme l’expérience dans l’esprit de l’homme ; car les souvenirs d’une même chose rendent capable de constituer une expérience unique, en se multipliant pour chaque cas ; et l’expérience est bien près de valoir la science et l’art, auxquels elle ressemble beaucoup. C’est l’expérience en effet qui a enfanté l’art et la science chez les hommes, attendu que, comme le dit si bien Polos, " c’est l’expérience qui engendre l’art, tandis que l’inexpérience ne doit le succès qu’au hasard qui la favorise ". Le moment où l’art apparaît est celui où, d’un grand nombre de notions déposées dans l’esprit par l’expérience, il se forme une conception générale, qui s’applique à tous les cas analogues. Ainsi, avoir cette notion que Callias, atteint de telle maladie, a été soulagé par tel remède, et que Socrate et une foule d’autres personnes qui souffraient du même mal, ont été soulagés de la même manière, c’est là un fait d’expérience et d’observation. Mais concevoir que, pour toutes les personnes qui peuvent être rangées dans une même classe comme ayant la même affection maladive, inflammation, mouvement de bile, fièvre ardente, etc., le même remède a eu la même efficacité, c’est là une conception qui appartient au domaine de l’art. Dans la pratique, l’expérience sensible semble se confondre avec l’art, dont elle ne se distingue pas ; et même on peut remarquer que les gens qui n’ont pour eux que l’expérience, paraissent réussir mieux que ceux qui, sans les données de l’expérience, n’interrogent que la raison. Le motif de cette différence est manifeste ; c’est que l’expérience ne fait connaître que les cas particuliers, tandis que l’art s’attache aux notions générales. Or, quand on agit et qu’on produit quelque chose, il ne peut jamais être question que de cas particuliers. Le médecin, qui soigne un malade, ne guérit pas l’homme, si ce n’est d’une façon détournée ; mais il guérit Callias, Socrate, ou tel autre malade affligé du même mal, et qui est homme indirectement. Il s’ensuit que si le médecin ne possédait que la notion rationnelle, sans posséder aussi l’expérience, et qu’il connût l’universel sans connaître également le particulier dans le général, il courrait bien des fois le risque de se méprendre dans sa médication, puisque, pour lui, c’est le particulier, l’individuel, qu’avant tout il s’agit de guérir.
Néanmoins, savoir les choses et les comprendre est à nos yeux le privilège de l’art bien plus encore que celui de l’expérience ; et nous supposons que ceux qui se conduisent par les règles de l’art sont plus éclairés et plus sages que ceux qui ne suivent que l’expérience seule, parce que toujours la sagesse nous semble bien davantage devoir être la conséquence naturelle du savoir. Cela vient de ce que ceux qui sont guidés par les lumières de l’art connaissent la cause des choses, tandis que les autres ne s’en rendent pas compte. L’expérience nous apprend simplement que la chose est ; mais elle ne nous dit pas le pourquoi des choses. L’art, au contraire, nous en révèle le pourquoi et la cause. Aussi, en chaque genre, ce sont les hommes supérieurs, les architectes, que nous estimons le plus, et à qui nous supposons plus de science qu’aux ouvriers, qui ne font que travailler de leurs mains. Si les premiers nous paraissent plus savants et plus éclairés, c’est qu’ils connaissent les causes de ce qu’ils produisent, tandis que les autres, à la manière de certains corps sans vie, agissent certainement, mais agissent sans aucune connaissance de ce qu’ils font, comme le feu, qui brûle et ne le sait pas. Il est vrai que, si c’est par suite d’une organisation naturelle que les corps inanimés produisent chacun leur action propre, c’est grâce à l’habitude que les manœuvres remplissent si bien les leurs, de telle sorte que ce n’est pas pratiquement que les chefs sont plus habiles que leurs ouvriers, mais encore une fois c’est parce qu’ils raisonnent ce qu’il faut faire et qu’ils connaissent les causes de leurs actes.
D’une manière générale, ce qui prouve qu’on sait réellement une chose, c’est d’être capable de l’enseigner à autrui ; et voilà comment nous trouvons que l’art est de la science beaucoup plus que l’expérience ne peut en être, parce que ceux qui sont arrivés à l’art sont en état d’enseigner et que ceux qui n’ont que l’expérience en sont incapables. C’est là encore que nous ne confondons jamais les perceptions sensibles avec la science. Cependant la sensibilité nous donne les notions les plus puissantes et les plus décisives des objets particuliers ; mais elle ne nous dit jamais le pourquoi de la chose. Ainsi, dans l’exemple qui vient d’être cité, la sensation ne nous explique jamais pourquoi le feu est chaud ; elle nous informe simplement qu’il nous brûle.

KANT, Critique de la Raison Pure, Préface
Quand Galilée fit rouler ses sphères sur un plan incliné avec un degré d’accélération dû à la pesanteur déterminé selon sa volonté, quand Torricelli fit supporter à l’air un poids qu’il savait d’avance lui-même être égal à celui d’une colonne d’eau à lui connue, (…) ce fut une révélation lumineuse pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison ne voit que ce qu’elle produit d’elle-même d’après ses propres plans et qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements, suivant des lois immuables, qu’elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser pour ainsi dire conduire en laisse par elle ; car, autrement, faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance, nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin. Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant, d’une main, ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordant entre eux l’autorité de lois, et de l’autre, l’expérimentation, qu’elle a imaginée d’après ces principes, pour être instruite par elle, il est vrai, mais non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qu’il plaît au maître, mais au contraire, comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu’il leur pose.
+ « Les lois de la nature sont universelles et nécessaires, ns ne pouvons dc pas les tirer de l’expérience, qui nous infâme que les choses se sont pour l’instant passées ainsi, non qu’elles se passeront toujours et nécessairement ainsi. »

HUME
Tout ce qui est peut ne pas être. Il n'y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L'inexistence d'un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu'il n'existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s'entend pas moins que celle qui affirme qu'il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n'est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c'est une proposition fausse et l'on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n'a jamais existé, ou l'ange Gabriel, ou un être quelconque n'ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n'impliquent aucune contradiction. On peut donc seulement prouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l'expérience. Si nous raisonnons a priori, n'importe quoi peut `paraître capable de produire n'importe quoi. La chute d'un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d'un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet et nous rend capables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre.
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Message par Charline Ven 10 Oct - 20:48

Suite et fin des extraits...


LOCKE
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur première origine. Les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. C..] L'autre source d'où l'entendement vient à recevoir des idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens opérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens. [...] Mais comme j'appelle l'autre source de nos idées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations.

PLATON, La République, Livre Vll, 514a-515e (Le mythe de la caverne)
SOCRATE (S) - Maintenant, représente-toi notre nature selon qu'elle a été instruite ou ne l'a pas été, sous des traits de ce genre: imagine des hommes dans une demeure souterraine, une caverne, avec une large entrée, ouverte dans toute sa longueur à la lumière: ils sont là les jambes et le cou enchaînés depuis leur enfance, de sorte qu'ils sont immobiles et ne regardent que ce qui est devant eux, leur chaîne les empêchant de tourner la tête. La lumière leur parvient d'un feu qui, loin sur une hauteur, brûle derrière eux; et entre le feu et les prisonniers s'élève un chemin en travers duquel imagine qu'un petit mur a été dressé, semblable aux cloisons que des montreurs de marionnettes placent devant le public, au-dessus desquelles ils font voir leurs marionnettes.
GLAUCON (G) - Je vois.
S. - Imagine le long du mur des hommes qui portent toutes sortes d'objets qui dépassent le mur; des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, faits de toutes sortes de matériaux; parmi ces porteurs, naturellement il y en a qui parlent et d'autres qui se taisent.
G. - Voilà un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
S. - Ils nous ressemblent. Penses-tu que de tels hommes aient vu d'eux-mêmes et des uns et des autres autre chose que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face?
G. - Comment cela se pourrait-il, en effet, s'ils sont forcés de tenir la tête immobile pendant toute leur vie?
S. - Et pour les objets qui sont portés le long du mur, est-ce qu'il n'en sera pas de même?
G. - Bien sûr.
S. - Mais, dans ces conditions, s'ils pouvaient se parler les uns aux autres, ne penses-tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes en nommant ce qu'ils voient?
G. - Nécessairement.
S. - Et s'il y avait aussi dans la prison un écho que leur renverrait la paroi qui leur fait face? Chaque fois que l'un de ceux qui se trouvent derrière le mur parlerait, croiraient-ils entendre une autre voix, à ton avis, que celle de l'ombre qui passe devant eux?
G. - Ma foi non.
S. - Non, de tels hommes ne penseraient absolument pas que la véritable réalité puisse être autre chose que les ombres des objets fabriqués.
G. - De toute nécessité.
S. - Envisage maintenant ce qu'ils ressentiraient à être délivrés de leurs chaînes et à être guéris de leur ignorance, si cela leur arrivait, tout naturellement, comme suit: si l'un d'eux était délivré et forcé soudain de se lever, de tourner le cou, de marcher et de regarder la lumière; s'il souffrait de faire tous ces mouvements et que, tout ébloui, il fût incapable de regarder les objets dont il voyait auparavant les ombres, que penses-tu qu'il répondrait si on lui disait que jusqu'alors il n'a vu que des futilités mais que, maintenant, plus près de la réalité et tourné vers des êtres plus réels, il voit plus juste; lorsque, enfin, en lui montrant chacun des objets qui passent, on l'obligerait à force de questions à dire ce que c'est, ne penses-tu pas qu'il serait embarrassé et trouverait que ce qu'il voyait auparavant était plus véritable que ce qu'on lui montre maintenant?
G. - Beaucoup plus véritable.
S. - Si on le forçait à regarder la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu'il aurait mal aux yeux, qu'il la fuirait pour se retourner vers les choses qu'il peut voir et les trouverait vraiment plus distinctes que celles qu'on lui montre?
G. - Si.
S. - Mais si on le traînait de force tout au long de la montée rude, escarpée, et qu'on ne le lâchât pas avant de l'avoir tiré dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu'il souffrirait et s'indignerait d'être ainsi traîné; et que, une fois parvenu à la lumière du jour, les yeux pleins de son éclat, il ne pourrait pas discerner un seul des êtres appelés maintenant véritables?
G. - Non, du moins pas sur le champ.
S. - Il aurait, je pense, besoin de s'habituer pour être en mesure de voir le monde d'en haut. Ce qu'il regarderait le plus facilement d'abord, ce sont les ombres, puis les reflets des hommes et des autres êtres sur l'eau, et enfin les êtres eux-mêmes. Ensuite il contemplerait plus facilement pendant la nuit les objets célestes et le ciel lui-même - en levant les yeux vers la lumière des étoiles et de la lune - qu'il ne contemplerait, de jour, le soleil et la lumière du soleil.
G. - Certainement.
S. - Finalement, je pense, c'est le soleil, et non pas son image dans les eaux ou ailleurs, mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourrait voir et contempler tel qu'il est.
G. - Nécessairement.
S. - Après cela il en arriverait à cette réflexion, au sujet du soleil, que c'est lui qui produit les saisons et les années, qu'il gouverne tout dans le monde visible, et qu'il est la cause, d'une certaine manière, de tout ce que lui-même et les autres voyaient dans la caverne.
G. - Après cela, il est évident que c'est à cette conclusion qu'il en viendrait.
S. - Mais quoi, se souvenant de son ancienne demeure, de la science qui y est en honneur, de ses compagnons de captivité, ne penses-tu pas qu'il serait heureux de son changement et qu'il plaindrait les autres?
G. - Certainement.
S. - Et les honneurs et les louanges qu'on pouvait s'y décerner mutuellement, et les récompenses qu'on accordait à qui distinguait avec le plus de précision les ombres qui se présentaient, à qui se rappelait le mieux celles qui avaient l'habitude de passer les premières, les dernières, ou ensemble, et à qui était le plus capable, à partir de ces observations, de présager ce qui devait arriver: crois-tu qu'il les envierait? Crois-tu qu'il serait jaloux de ceux qui ont acquis honneur et puissance auprès des autres, et ne préférerait-il pas de loin endurer ce que dit Homère: "être un valet de ferme au service d'un paysan pauvre", plutôt que de partager les opinions de là-bas et de vivre comme on y vivait.
G. - Oui, je pense qu'il accepterait de tout endurer plutôt que de vivre comme il vivait.
S. - Et réfléchis à ceci: si un tel homme redescend et se rassied à la même place, est-ce qu'il n'aurait pas les yeux offusqués par l'obscurité en venant brusquement du soleil?
G. - Si, tout à fait.
S. - Et s'il lui fallait à nouveau donner son jugement sur les ombres et rivaliser avec ces hommes qui ont toujours été enchaînés, au moment où sa vue est trouble avant que ses yeux soient remis - cette réaccoutumance exigeant un certain délai - ne prêterait-il pas à rire, ne dirait-on pas à son propos que pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés et qu'il ne vaut même pas la peine d'essayer d'y monter; et celui qui s'aviserait de les délier et de les emmener là-haut, celui-là s'ils pouvaient s'en emparer et le tuer, ne le tueraient-ils pas?
G. - Certainement.


Bon courage à tous...
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Message par Mélanie Ven 10 Oct - 20:50

Merciiiiii je vais essayer de mettre des extrait de Hume aussi!! Very Happy
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Message par Sarah Sam 11 Oct - 11:52

Et moi je m'occupe d'aristote avant ce soir merci beaucoup!

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