livre I Contrat social
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livre I Contrat social
PREAMBULE
Dans cette annonce d’une recherche concernant l’ordre civil, c’est à dire l’ordre politique (civil ——> civis = citoyen), ROUSSEAU se donne pour programme de trouver quelque “règle d’administration”. Cette dernière expression ne doit pas créer de contresens. ROUSSEAU, on le verra par la suite, ne se préoccupe pas du détail administratif dont la charge incombe au pouvoir exécutif, mais des lois fondamentales qui constituent une République. Son souci est de concilier l’u-tile et le juste (« l’intérêt » et « le droit »), afin de ne pas tomber dans le travers d’un pur idéalisme (juste mais inefficace) ou au contraire d’un strict utilitarisme (utile mais illégitime). L’ordre politique doit donc avant tout servir « l’intérêt » des hommes tels qu’ils sont, en assurant la sécurité de chacun et en les protégeant des périls de « l’état de nature » (=l’utilité). Mais l’ordre politique doit aussi être juste, c’est à dire légitime, en ce qu’il doit pouvoir garantir la liberté et l’égalité des citoyens (sur la notion « d’état de nature », voir explication chapitre 6).
ROUSSEAU s’explique ensuite sur ce qui lui donne le droit d'écrire sur le politique : 1) — n’étant pas lui même un politique, il en a le loisir, 2) — étant citoyen de la République de GENEVE et ainsi membre du « souverain », il a le devoir de s’instruire sur la question poli-tique comme tout bon citoyen. Notons enfin que l’amour qu’il semble porter à son pays ne fût pas réciproque. L’Emile et le contrat social furent condamnés par la République de GENEVE… De son côté, ROUSSEAU fût très sévère à l’égard des insti-tutions de GENEVE.
* PRESENTATION DU CHAPITRE I LIVRE I
Dans ce premier chapitre, l’auteur annonce — comme l’indique le sous titre -le contenu du livre I du contrat social. La première phrase est devenue célèbre : “l’homme est né libre et partout il est dans les fers”. Il est facile de comprendre le sens de la deuxième moitié de cette phrase, Rousseau dénonce ici l’esclavage mul-tiforme qui sévit au 18ème siècle. Esclavage économique sous sa forme “coloniale”, comme c’est le cas pour l’exploitation de la canne à sucre dans les Antilles, ou esclavage politique (pris dans un sens métaphorique) pour des peuples soumis au bon vouloir d’un souverain qui se place au dessus des lois. Mais comment comprendre la première partie de la phrase ? Rousseau se réfère ici à une faculté innée, naturelle, constitutive de notre essence (de notre nature). L’homme est donc naturellement libre, c’est à dire que la li-berté est spécifique à l’homme et que l’on ne peut définir son essence (sa nature) sans se référer à la liberté. Cette liberté naturelle se ramène (cf. chapitre à l’indépendance de l’homme relativement aux autres, indépendance que l’isolement de « l’état de nature » garantit. Le passage de « l’état de nature » à « l’état civil », c’est à dire le passage de la nature à l’histoire et à la vie en société, a privé celui—ci de sa liberté naturelle. On notera que Rousseau ne partage pas l’optimisme des lumières à propos du progrès... De plus, dans cet état de servitude, le maître lui même est esclave : esclave de la servitude qu’il doit chaque jour imposer par la force, esclave de sa propre maîtrise qui le rend dépendant des autres. Il y là quelque chose comme l’illustration de la dialectique hégélienne du « maître et de l’esclave » avant la lettre. Mais Rousseau n’a pas pour objet de décrire ce passage de l’état de nature à l’état civil comme s’il s’agissait d’un travail d’historien, mai plutôt de chercher “ce qui peut le rendre légitime”. Or, si on sait déjà que la perte de la liberté rend ce passage arbitraire et injuste, on devine à moitié que c’est en conservant la liberté que ce passage deviendra légitime. Comment ? Résoudre cette question fera l’objet du chapitre 6.
Le second paragraphe préfigure le chapitre 3. Dans les faits, c’est la force qui fait la loi, ou pour le dire comme Rousseau : la force est cause et le droit effet.
De là, un quasi droit de révolte pour les peuples ainsi réduits à l’esclavage politique. En effet : soit la force fait loi et dès lors un peuple a le droit de se révolter contre le souverain lorsqu’il en a la force, soit la force ne fait pas droit et alors l’autorité qui soumet le peuple par la force n’en a aucunement le droit : ce qui une fois de plus, n’interdit pas au peuple la révolte. ( sur le droit de révolte, il serait plus précis de dire que Rousseau ne le reconnaît pas positivement : car il relève du droit du plus fort et n’est donc pas un droit. Mais il ne le condamne pas non plus, en ce qu’il ne bafoue aucun droit légitime… il l’encourage même !)
Notons au passage que l’expression “recouvrant sa liberté” renvoie au verbe recouvrir qui signifie récupérer. “Mais l’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres”. “L’ordre social” ne désigne pas ici le retour au calme par opposi-tion à “l’agitation sociale”, mais désigne l’ordre politique, c’est à dire la struc-ture de la société politique comme un ensemble de rapports (et particulièrement le rapport juridico-politique d’autorité). Cet ordre social est défini ici comme un “droit sacré”. Nous verrons dans le livre I du contrat social que ce rapport d’autorité qui oblige à l’obéissance, peut avoir trois origines. Soit il repose sur le droit du plus fort (chap. 3), soit il repose sur le droit du vainqueur (chap.4) et prend la forme d’un contrat de soumission, soit enfin il repose sur le droit instauré par la volonté du peuple (chap.6). Sur ces trois possibilités, les deux pre-mières sont illégitimes et seule la dernière sera la bonne. Il n’y a pour Rousseau, que le contrat d’association (contrat social) qui puisse faire qu’un peuple soit un peuple souverain, et qui puisse fonder et servir “de base à tous les autres” droits (droit politique bien sûr, mais aussi le droit pénal du chap.7 ou le droit de propriété du chap.9). Le « droit sacré » signifie donc d’abord le droit légitime, c’est à dire : le seul droit devant lequel notre volonté doive s’incliner, le seul droit qui « oblige » notre volonté, le seul droit qui définisse un devoir (la force n’oblige pas ma volonté mais contraint mon corps... il n’y a là rien de sacré comme le montrera le chap.3). “Cependant ce droit ne vient point de la nature ; il est donc fondé sur des conven-tions”. Les chapitres 2 et 3 montreront que ce”droit sacré” qui oblige à l’obéissance ne peut être fondé sur la nature, c’est à dire sur les rapports naturels d’autorité. Ainsi le rapport enfant—parent ou animal(= sous-homme, esclave)- maître, sera écarté (chap.2). De même, le rapport de force ne peut que « contraindre » ce qui n’est pas en-core « obliger » (chap.3). C’est donc dans l’artifice d’une convention (d’un contrat) qu’il faudra chercher le fondement du droit. Mais le contrat qu’impose le vainqueur au vaincu (droit de guerre) est un faux contrat, une imposture (chap.4). Seul le contrat par lequel un peuple est un peuple (chap.5,6) est un vrai contrat pouvant fonder un droit au dessus des hommes (« sacré » signifiant ici : au dessus des hommes, cf. lettre à Mirabeau de l’introduction). A la fin du chap.1, Rousseau annonce donc le plan du livre I comme un programme où tout reste pour l’instant à prouver.
Dans cette annonce d’une recherche concernant l’ordre civil, c’est à dire l’ordre politique (civil ——> civis = citoyen), ROUSSEAU se donne pour programme de trouver quelque “règle d’administration”. Cette dernière expression ne doit pas créer de contresens. ROUSSEAU, on le verra par la suite, ne se préoccupe pas du détail administratif dont la charge incombe au pouvoir exécutif, mais des lois fondamentales qui constituent une République. Son souci est de concilier l’u-tile et le juste (« l’intérêt » et « le droit »), afin de ne pas tomber dans le travers d’un pur idéalisme (juste mais inefficace) ou au contraire d’un strict utilitarisme (utile mais illégitime). L’ordre politique doit donc avant tout servir « l’intérêt » des hommes tels qu’ils sont, en assurant la sécurité de chacun et en les protégeant des périls de « l’état de nature » (=l’utilité). Mais l’ordre politique doit aussi être juste, c’est à dire légitime, en ce qu’il doit pouvoir garantir la liberté et l’égalité des citoyens (sur la notion « d’état de nature », voir explication chapitre 6).
ROUSSEAU s’explique ensuite sur ce qui lui donne le droit d'écrire sur le politique : 1) — n’étant pas lui même un politique, il en a le loisir, 2) — étant citoyen de la République de GENEVE et ainsi membre du « souverain », il a le devoir de s’instruire sur la question poli-tique comme tout bon citoyen. Notons enfin que l’amour qu’il semble porter à son pays ne fût pas réciproque. L’Emile et le contrat social furent condamnés par la République de GENEVE… De son côté, ROUSSEAU fût très sévère à l’égard des insti-tutions de GENEVE.
* PRESENTATION DU CHAPITRE I LIVRE I
Dans ce premier chapitre, l’auteur annonce — comme l’indique le sous titre -le contenu du livre I du contrat social. La première phrase est devenue célèbre : “l’homme est né libre et partout il est dans les fers”. Il est facile de comprendre le sens de la deuxième moitié de cette phrase, Rousseau dénonce ici l’esclavage mul-tiforme qui sévit au 18ème siècle. Esclavage économique sous sa forme “coloniale”, comme c’est le cas pour l’exploitation de la canne à sucre dans les Antilles, ou esclavage politique (pris dans un sens métaphorique) pour des peuples soumis au bon vouloir d’un souverain qui se place au dessus des lois. Mais comment comprendre la première partie de la phrase ? Rousseau se réfère ici à une faculté innée, naturelle, constitutive de notre essence (de notre nature). L’homme est donc naturellement libre, c’est à dire que la li-berté est spécifique à l’homme et que l’on ne peut définir son essence (sa nature) sans se référer à la liberté. Cette liberté naturelle se ramène (cf. chapitre à l’indépendance de l’homme relativement aux autres, indépendance que l’isolement de « l’état de nature » garantit. Le passage de « l’état de nature » à « l’état civil », c’est à dire le passage de la nature à l’histoire et à la vie en société, a privé celui—ci de sa liberté naturelle. On notera que Rousseau ne partage pas l’optimisme des lumières à propos du progrès... De plus, dans cet état de servitude, le maître lui même est esclave : esclave de la servitude qu’il doit chaque jour imposer par la force, esclave de sa propre maîtrise qui le rend dépendant des autres. Il y là quelque chose comme l’illustration de la dialectique hégélienne du « maître et de l’esclave » avant la lettre. Mais Rousseau n’a pas pour objet de décrire ce passage de l’état de nature à l’état civil comme s’il s’agissait d’un travail d’historien, mai plutôt de chercher “ce qui peut le rendre légitime”. Or, si on sait déjà que la perte de la liberté rend ce passage arbitraire et injuste, on devine à moitié que c’est en conservant la liberté que ce passage deviendra légitime. Comment ? Résoudre cette question fera l’objet du chapitre 6.
Le second paragraphe préfigure le chapitre 3. Dans les faits, c’est la force qui fait la loi, ou pour le dire comme Rousseau : la force est cause et le droit effet.
De là, un quasi droit de révolte pour les peuples ainsi réduits à l’esclavage politique. En effet : soit la force fait loi et dès lors un peuple a le droit de se révolter contre le souverain lorsqu’il en a la force, soit la force ne fait pas droit et alors l’autorité qui soumet le peuple par la force n’en a aucunement le droit : ce qui une fois de plus, n’interdit pas au peuple la révolte. ( sur le droit de révolte, il serait plus précis de dire que Rousseau ne le reconnaît pas positivement : car il relève du droit du plus fort et n’est donc pas un droit. Mais il ne le condamne pas non plus, en ce qu’il ne bafoue aucun droit légitime… il l’encourage même !)
Notons au passage que l’expression “recouvrant sa liberté” renvoie au verbe recouvrir qui signifie récupérer. “Mais l’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres”. “L’ordre social” ne désigne pas ici le retour au calme par opposi-tion à “l’agitation sociale”, mais désigne l’ordre politique, c’est à dire la struc-ture de la société politique comme un ensemble de rapports (et particulièrement le rapport juridico-politique d’autorité). Cet ordre social est défini ici comme un “droit sacré”. Nous verrons dans le livre I du contrat social que ce rapport d’autorité qui oblige à l’obéissance, peut avoir trois origines. Soit il repose sur le droit du plus fort (chap. 3), soit il repose sur le droit du vainqueur (chap.4) et prend la forme d’un contrat de soumission, soit enfin il repose sur le droit instauré par la volonté du peuple (chap.6). Sur ces trois possibilités, les deux pre-mières sont illégitimes et seule la dernière sera la bonne. Il n’y a pour Rousseau, que le contrat d’association (contrat social) qui puisse faire qu’un peuple soit un peuple souverain, et qui puisse fonder et servir “de base à tous les autres” droits (droit politique bien sûr, mais aussi le droit pénal du chap.7 ou le droit de propriété du chap.9). Le « droit sacré » signifie donc d’abord le droit légitime, c’est à dire : le seul droit devant lequel notre volonté doive s’incliner, le seul droit qui « oblige » notre volonté, le seul droit qui définisse un devoir (la force n’oblige pas ma volonté mais contraint mon corps... il n’y a là rien de sacré comme le montrera le chap.3). “Cependant ce droit ne vient point de la nature ; il est donc fondé sur des conven-tions”. Les chapitres 2 et 3 montreront que ce”droit sacré” qui oblige à l’obéissance ne peut être fondé sur la nature, c’est à dire sur les rapports naturels d’autorité. Ainsi le rapport enfant—parent ou animal(= sous-homme, esclave)- maître, sera écarté (chap.2). De même, le rapport de force ne peut que « contraindre » ce qui n’est pas en-core « obliger » (chap.3). C’est donc dans l’artifice d’une convention (d’un contrat) qu’il faudra chercher le fondement du droit. Mais le contrat qu’impose le vainqueur au vaincu (droit de guerre) est un faux contrat, une imposture (chap.4). Seul le contrat par lequel un peuple est un peuple (chap.5,6) est un vrai contrat pouvant fonder un droit au dessus des hommes (« sacré » signifiant ici : au dessus des hommes, cf. lettre à Mirabeau de l’introduction). A la fin du chap.1, Rousseau annonce donc le plan du livre I comme un programme où tout reste pour l’instant à prouver.
Marie- Nombre de messages : 180
Age : 33
Date d'inscription : 02/11/2008
Re: livre I Contrat social
PRESENTATION DU CHAPITRE 3 LIVRE I
La question initiale (formulée dans le préambule du livre I) est la suivante : chercher un ordre civil (ou ordre social) qui soit à la fois utile (garant de la sécurité de chacun et servant ainsi l'intérêt de tous) et juste (garant de l’égalité et de la liberté). Nous savons qu’il s’agit là des 2 grandes finalités de l’Etat de droit.
Pour trouver la réponse à cette question ROUSSEAU va procéder, tout a long du livre I, par élimination des fausses solutions.
Peut—on chercher dans la Nature, un fondement de l’ordre social :
a) sur le modèle de la famille (chap. 2 du livre I), fondant ainsi l’autorité politique sur le modèle de l’autorité « naturelle » parentale ? Rousseau montrera aisément que non…
b) ou encore sur le modèle du rapport de force (chap. 3) ?
* ETUDE du chap. 3 du droit du plus fort
L’intérêt philosophique de ce texte est double :
1) intérêt polémique en ce qu’il réfute les doctrines du “droit naturel” qui consistent en une apologie du droit du plus fort. Citons par exemple CALLICLES ou THRASYMAQUE (personnages de PLATON) pour qui le juste se ra-mène à ce qui est le plus avantageux pour le plus fort (loi de la Nature). Notons que cet idéal de la violence et de l’aristocratisme guerrier est toujours vivant dans les idéologies néonazies.
2) intérêt enfin en ce que le texte définit le « droit » comme puissance morale (et non physique) qui s’impose à moi comme un « devoir » obligeant ma volonté. Voir la célèbre opposition entre "être forcé” et "être obligé” par la loi : je suis « obligé » de marquer un arrêt au stop alors que je suis « forcé » de m’arrêter devant un mur en béton… Néanmoins le droit définit un devoir civique et non éthique !
La thèse de ROUSSEAU dans cet extrait est claire :
Le droit du plus fort n’est pas un droit (réponse négative à la question ini-tiale qui a le mérite d’écarter ou d’éliminer une fausse solution…) comme l’indique la der-nière ligne du chap. 3
* l'argumentation combine 2 procédés
1) argumentation par dissociation de notion : le droit s’oppose à la force
le droit la force
puissance morale puissance physique
devoir contrainte
être obligé de être forcé
agir par devoir agir par nécessité
moralité (obligation absence totale de moralité
pour ma volonté) (=> la force n’est pas une puissance
exerçant une obligation sur ma
volonté, mais elle exerce une
contrainte sur mon corps)
2) argumentation par l’absurde :
— “supposons un moment ce prétendu droit” (2ème §) du plus fort :
— Le droit est alors l’effet et la force la cause
par exemple, suite à un coup d’Etat ou à une conquête militaire, les lois de l’Etat vaincu changent pour servir les intérêts des nouveaux “hommes forts”. Si le nouvel Etat est à nouveau renversé, le droit changera une fois de plus. Ainsi, les putschistes sont hors la loi s’ils échouent, mais dans leur droit s’ils réussissent.
— Pour être dans son droit, il suffit alors d'être le plus fort, ce qui révèle déjà un certain nombre de paradoxes :
Ai—je le droit d’envahir et de massacrer un pays voisin ? Oui, si mon armée est plus puissante.
Ai—je le droit de désobéir au pouvoir politique de mon pays ? Oui, si je suis à la tête d’une armée de mercenaires plus puissante que l’armée régulière, comme on le voit dans les pays producteurs de drogue...
— Et dès que la force cesse, que devient ce prétendu droit ? si le dictateur n’a plus d’armée, il ne sera plus obéi et il sera pendu.
si le voleur qui me braque perd son arme, je ne me sens plus obligé
envers lui... donc pas de devoir du plus faible envers le fort.
Or, nous avons vu que le droit oblige, si donc je ne suis pas obligé
c’est que le droit n’est pas, n’est rien ou est nul. Ainsi quand la force cesse, le droit “périt”, c’est donc qu’il n’était rien dans l'expression droit du plus fort. On objectera que le droit n’est pas grand chose sans la force, mais reconnaissons qu’il oblige encore, même S’il ne me force en rien (ex. droit de vote. Le devoir civique oblige ma volonté).
Donc, si le mot « droit » est vide de sens dans l’expression « droit du plus fort » (puisqu’il ne m’oblige en rien, bien qu’il me force en tout) :le droit du plus fort n’est donc pas un droit.
(On relèvera au passage le lien très étroit qui unit les 2 procédés d’argumentation.)
* Remarques relatives à l’étude linéaire
(l’épreuve de l’oral prend la forme d’une étude linéaire où le candidat part du texte pour mettre à jour la thèse, l’argumentation et l'intérêt philoso-phique de l’extrait).
* Etude linéaire (suite)
(lignes 1 à 3) — ROUSSEAU insiste sur la fragilité des dictatures (paradoxe : ce qui est fondé sur la force est du même coup très précaire car à tout moment exposé au risque d’un coup d’Etat, d’un complot, d’une émeute populaire).
—> Voilà pourquoi « le plus fort n’est jamais assez fort… ». Du coup, un dictateur doit au moins donner l’apparence du droit à ses décrets arbitraires (en organisant des suffrages manipulés et des élections falsifiées) et en donnant l’apparence du devoir à ses ordres (grâce bien souvent à une propagande intense). Ainsi, la force rend hommage au droit en lui empruntant son appa-rence... voir par exemple, le plébiscite de Napoléon III après son coup d’Etat de 1851.
(lignes 4—5) — Si le “droit du plus fort” (résultat de cette mascarade) est une expression pleine d’ironie lorsqu’elle se trouve dans la bouche d’un JEAN DE LA FONTAINE à propos de la “raison du plus fort” que le loup (c’est à dire Louis XIV) oppose à l'agneau (Fouquet, son ministre des finance), cette expression correspond bien néanmoins à la réalité historique. (ROUSSEAU n’est pas un rêveur qui oublierait les faits et la triste réalité de ce XVIIIé siècle où « l’homme est né libre, et partout il est dans les fers… » : livre I, chap. 1 — contrat social).
(lignes 7—8—9) — attention au contresens à propos de “moralité”. Il ne s’agit pas de confondre le droit et la morale, mais de souligner que le droit implique un devoir (au sens juridique) qui oblige notre volonté (le stop est pour le chauffeur une puissance morale…). Rappelons que cette confusion (droit-morale) est au centre de ce que nous appelons l’intégrisme religieux (celui-ci n’épargnant aucune religion). Cette confusion est à la fois politique et éthique. Politique en ce qu’elle attribue à dieu (et donc à ses interprètes) la souveraineté qui revient au peuple. Ethique en ce qu’on ne peut forcer à la vertu (alors qu’on peut forcer quelqu’un à agir conformément à la loi). Le droit libère donc à la morale en ce qu’il libère à la liberté, il ne saurait nous y contraindre. Pas plus que la force ne peut nous « obliger » à obéir au droit, le droit (d’essence politique) ne peut nous obliger à la vertu morale. Kant montrera à ce sujet que la morale me demande d’agir par devoir et non simplement conformément au devoir (par crainte ou intérêt). La possibilité de la morale n’est donc pas dans l’intégrisme religieux mais dans la liberté assurée par le droit.
(2ème Paragraphe)
- « Supposons un moment… » argumentation par le ridicule ou l’absurde
- «galimatias inexplicable » = confusion inintelligible
——> insister sur l’opposition : “être forcé” et “être obligé”. Aller aux urnes avec une arme dans le dos est une chose, le faire par devoir en est une autre. La force me fait agir par nécessité ou par prudence (il est nécessaire de s’arrêter devant un mur, il est prudent de donner son argent à son agresseur). Seule une loi juste me fait agir par volonté. Je peux me sentir “obligé” par le code de la route et ralentir en traversant une agglomération.
— Dernière remarque. —ROUSSEAU n’est pas un naïf qui penserait que le droit se suffit à lui—même et n’aurait nul besoin de la force. La force publique comme effet du droit (et non cause du droit) sera nécessaire pour contraindre celui qui refuserait de se soumettre aux lois et par là à la volonté du peuple (cf. livre I, chap. 7 § 8 du contrat)
(3ème Paragraphe)
“Obéissez aux puissances… » .“ référence à l’Evangile selon Paul (épître aux romains).
Si la nature (la force) ne peut fonder le droit, n’est—ce pas en dernière instance Dieu qui fonde le pouvoir des puissants de ce Monde (monarchie de droit divin à la Bossuet)?
Là encore, ROUSSEAU argumente par le ridicule à travers 2 exemples : l’arme du brigand lui donne la puissance et la maladie qui me cloue au lit exerce aussi sur moi une puissance. il est clair que personne reconnaîtra une quelconque légitimité à ces puissances et se laissera faire. Si le brigand perd son pistolet, je ne me sens nullement obligé de lui laisser ma bourse... si la médecine m’offre un remède, je ne me sens nullement obligé de rester malade. Donc, toute puissance n’est pas légitime par la seule volonté de Dieu. Il faut donc encore dire ce qui donne au pouvoir sa légi-timité. Ainsi, “la question primitive revient” : de quel droit le droit nous oblige-t-il ?
La question initiale (formulée dans le préambule du livre I) est la suivante : chercher un ordre civil (ou ordre social) qui soit à la fois utile (garant de la sécurité de chacun et servant ainsi l'intérêt de tous) et juste (garant de l’égalité et de la liberté). Nous savons qu’il s’agit là des 2 grandes finalités de l’Etat de droit.
Pour trouver la réponse à cette question ROUSSEAU va procéder, tout a long du livre I, par élimination des fausses solutions.
Peut—on chercher dans la Nature, un fondement de l’ordre social :
a) sur le modèle de la famille (chap. 2 du livre I), fondant ainsi l’autorité politique sur le modèle de l’autorité « naturelle » parentale ? Rousseau montrera aisément que non…
b) ou encore sur le modèle du rapport de force (chap. 3) ?
* ETUDE du chap. 3 du droit du plus fort
L’intérêt philosophique de ce texte est double :
1) intérêt polémique en ce qu’il réfute les doctrines du “droit naturel” qui consistent en une apologie du droit du plus fort. Citons par exemple CALLICLES ou THRASYMAQUE (personnages de PLATON) pour qui le juste se ra-mène à ce qui est le plus avantageux pour le plus fort (loi de la Nature). Notons que cet idéal de la violence et de l’aristocratisme guerrier est toujours vivant dans les idéologies néonazies.
2) intérêt enfin en ce que le texte définit le « droit » comme puissance morale (et non physique) qui s’impose à moi comme un « devoir » obligeant ma volonté. Voir la célèbre opposition entre "être forcé” et "être obligé” par la loi : je suis « obligé » de marquer un arrêt au stop alors que je suis « forcé » de m’arrêter devant un mur en béton… Néanmoins le droit définit un devoir civique et non éthique !
La thèse de ROUSSEAU dans cet extrait est claire :
Le droit du plus fort n’est pas un droit (réponse négative à la question ini-tiale qui a le mérite d’écarter ou d’éliminer une fausse solution…) comme l’indique la der-nière ligne du chap. 3
* l'argumentation combine 2 procédés
1) argumentation par dissociation de notion : le droit s’oppose à la force
le droit la force
puissance morale puissance physique
devoir contrainte
être obligé de être forcé
agir par devoir agir par nécessité
moralité (obligation absence totale de moralité
pour ma volonté) (=> la force n’est pas une puissance
exerçant une obligation sur ma
volonté, mais elle exerce une
contrainte sur mon corps)
2) argumentation par l’absurde :
— “supposons un moment ce prétendu droit” (2ème §) du plus fort :
— Le droit est alors l’effet et la force la cause
par exemple, suite à un coup d’Etat ou à une conquête militaire, les lois de l’Etat vaincu changent pour servir les intérêts des nouveaux “hommes forts”. Si le nouvel Etat est à nouveau renversé, le droit changera une fois de plus. Ainsi, les putschistes sont hors la loi s’ils échouent, mais dans leur droit s’ils réussissent.
— Pour être dans son droit, il suffit alors d'être le plus fort, ce qui révèle déjà un certain nombre de paradoxes :
Ai—je le droit d’envahir et de massacrer un pays voisin ? Oui, si mon armée est plus puissante.
Ai—je le droit de désobéir au pouvoir politique de mon pays ? Oui, si je suis à la tête d’une armée de mercenaires plus puissante que l’armée régulière, comme on le voit dans les pays producteurs de drogue...
— Et dès que la force cesse, que devient ce prétendu droit ? si le dictateur n’a plus d’armée, il ne sera plus obéi et il sera pendu.
si le voleur qui me braque perd son arme, je ne me sens plus obligé
envers lui... donc pas de devoir du plus faible envers le fort.
Or, nous avons vu que le droit oblige, si donc je ne suis pas obligé
c’est que le droit n’est pas, n’est rien ou est nul. Ainsi quand la force cesse, le droit “périt”, c’est donc qu’il n’était rien dans l'expression droit du plus fort. On objectera que le droit n’est pas grand chose sans la force, mais reconnaissons qu’il oblige encore, même S’il ne me force en rien (ex. droit de vote. Le devoir civique oblige ma volonté).
Donc, si le mot « droit » est vide de sens dans l’expression « droit du plus fort » (puisqu’il ne m’oblige en rien, bien qu’il me force en tout) :le droit du plus fort n’est donc pas un droit.
(On relèvera au passage le lien très étroit qui unit les 2 procédés d’argumentation.)
* Remarques relatives à l’étude linéaire
(l’épreuve de l’oral prend la forme d’une étude linéaire où le candidat part du texte pour mettre à jour la thèse, l’argumentation et l'intérêt philoso-phique de l’extrait).
* Etude linéaire (suite)
(lignes 1 à 3) — ROUSSEAU insiste sur la fragilité des dictatures (paradoxe : ce qui est fondé sur la force est du même coup très précaire car à tout moment exposé au risque d’un coup d’Etat, d’un complot, d’une émeute populaire).
—> Voilà pourquoi « le plus fort n’est jamais assez fort… ». Du coup, un dictateur doit au moins donner l’apparence du droit à ses décrets arbitraires (en organisant des suffrages manipulés et des élections falsifiées) et en donnant l’apparence du devoir à ses ordres (grâce bien souvent à une propagande intense). Ainsi, la force rend hommage au droit en lui empruntant son appa-rence... voir par exemple, le plébiscite de Napoléon III après son coup d’Etat de 1851.
(lignes 4—5) — Si le “droit du plus fort” (résultat de cette mascarade) est une expression pleine d’ironie lorsqu’elle se trouve dans la bouche d’un JEAN DE LA FONTAINE à propos de la “raison du plus fort” que le loup (c’est à dire Louis XIV) oppose à l'agneau (Fouquet, son ministre des finance), cette expression correspond bien néanmoins à la réalité historique. (ROUSSEAU n’est pas un rêveur qui oublierait les faits et la triste réalité de ce XVIIIé siècle où « l’homme est né libre, et partout il est dans les fers… » : livre I, chap. 1 — contrat social).
(lignes 7—8—9) — attention au contresens à propos de “moralité”. Il ne s’agit pas de confondre le droit et la morale, mais de souligner que le droit implique un devoir (au sens juridique) qui oblige notre volonté (le stop est pour le chauffeur une puissance morale…). Rappelons que cette confusion (droit-morale) est au centre de ce que nous appelons l’intégrisme religieux (celui-ci n’épargnant aucune religion). Cette confusion est à la fois politique et éthique. Politique en ce qu’elle attribue à dieu (et donc à ses interprètes) la souveraineté qui revient au peuple. Ethique en ce qu’on ne peut forcer à la vertu (alors qu’on peut forcer quelqu’un à agir conformément à la loi). Le droit libère donc à la morale en ce qu’il libère à la liberté, il ne saurait nous y contraindre. Pas plus que la force ne peut nous « obliger » à obéir au droit, le droit (d’essence politique) ne peut nous obliger à la vertu morale. Kant montrera à ce sujet que la morale me demande d’agir par devoir et non simplement conformément au devoir (par crainte ou intérêt). La possibilité de la morale n’est donc pas dans l’intégrisme religieux mais dans la liberté assurée par le droit.
(2ème Paragraphe)
- « Supposons un moment… » argumentation par le ridicule ou l’absurde
- «galimatias inexplicable » = confusion inintelligible
——> insister sur l’opposition : “être forcé” et “être obligé”. Aller aux urnes avec une arme dans le dos est une chose, le faire par devoir en est une autre. La force me fait agir par nécessité ou par prudence (il est nécessaire de s’arrêter devant un mur, il est prudent de donner son argent à son agresseur). Seule une loi juste me fait agir par volonté. Je peux me sentir “obligé” par le code de la route et ralentir en traversant une agglomération.
— Dernière remarque. —ROUSSEAU n’est pas un naïf qui penserait que le droit se suffit à lui—même et n’aurait nul besoin de la force. La force publique comme effet du droit (et non cause du droit) sera nécessaire pour contraindre celui qui refuserait de se soumettre aux lois et par là à la volonté du peuple (cf. livre I, chap. 7 § 8 du contrat)
(3ème Paragraphe)
“Obéissez aux puissances… » .“ référence à l’Evangile selon Paul (épître aux romains).
Si la nature (la force) ne peut fonder le droit, n’est—ce pas en dernière instance Dieu qui fonde le pouvoir des puissants de ce Monde (monarchie de droit divin à la Bossuet)?
Là encore, ROUSSEAU argumente par le ridicule à travers 2 exemples : l’arme du brigand lui donne la puissance et la maladie qui me cloue au lit exerce aussi sur moi une puissance. il est clair que personne reconnaîtra une quelconque légitimité à ces puissances et se laissera faire. Si le brigand perd son pistolet, je ne me sens nullement obligé de lui laisser ma bourse... si la médecine m’offre un remède, je ne me sens nullement obligé de rester malade. Donc, toute puissance n’est pas légitime par la seule volonté de Dieu. Il faut donc encore dire ce qui donne au pouvoir sa légi-timité. Ainsi, “la question primitive revient” : de quel droit le droit nous oblige-t-il ?
Marie- Nombre de messages : 180
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Re: livre I Contrat social
Présentations des chapitres 4,5 et 6 :
Ce n’est donc pas dans la Nature (chap. 2 et 3) que l’on peut chercher le fondement légitime du droit dont dépend l’ordre social. Par élimination des solutions naturalistes, il reste désormais à envisager l’hypothèse « contractualiste » d’une convention entre les hommes : d’un artifice par opposition à la nature (car le contrat social est bien un artifice).
Or ROUSSEAU n’est pas le premier à avoir pensé à l’idée d’un pacte social (ou contrat), qui serait la source et le fondement du politique. Le philosophe politique du XVIIè (en particulier Hobbes) pense déjà que l’homme n’est pas naturellement politique ( contrairement à la pensée antique illustrée par ARISTOTE pour qui l’homme était un animal politique naturellement). Le « contrat » permet à ces auteurs de penser le passage de « l’état de nature » (terme désignant un état éminemment dangereux et conflictuel, car antérieur à la société et à ses garanties juridiques et policières) à « l’état de société ». Seule la crainte de mourir pousserait alors chacun à se destituer de ses droits naturels ( limités à notre seule puissance et menacés par celle des autres) pour s’en remettre à la volonté d’un souverain (par exemple un monarque) qui veillerait sur la sécurité de tous. Pour la pensée moderne, L’Etat naît donc de l’artifice humain et non de la nature. Mais ROUSSEAU se démarque de la pensée contractuelle en ce que le seul souverain légitime sera à ses yeux le peuple lui même (et donc ni un roi, ni une puissance extérieure religieuse ou militaire).
Ainsi, ROUSSEAU distingue soigneusement 2 types de contrat :
1) Le contrat de soumission, où un peuple s’en remet à un souverain en renonçant ainsi à ses droits naturels (tel le contrat chez Hobbes). Or, ce type de contrat est injuste et illégitime selon ROUSSEAU car en renonçant à ses droits naturels, l’homme aliène ( c’est à dire « renonce») principalement sa liberté naturelle (son indépendance naturelle) en échange d’une bien maigre consolation : la sécurité. Autant dire qu’un peuple préfèrerait la prison (où l’on vit parfois en sécurité) à la liberté... ROUSSEAU vise en particulier la thèse de GROTIUS, juriste hollandais du 17ème siècle et défenseur de la monarchie absolue tirant du droit de la guerre, un prétendu droit de soumission des peuples. ROUSSEAU réfute cette thèse au chap. 4 où il se livre à une analyse pertinente du concept de guerre. Son argument est simple : l’homme est libre par nature. Renoncer à sa liberté serait renoncer à sa qualité d’homme. Ainsi, échanger sa liberté contre la sécurité, c’est échanger tout contre rien ou presque. Le contrat est alors illégitime car inéquitable (voilà pour répondre à Hobbes). Quant au droit de sou-mission des vaincus, il repose sur l’imposture du prétendu droit de vie ou de mort qu’auraient les vainqueurs sur les populations vaincues. Le droit de la guerre doit être déduit rationnellement de son concept. Il ne saurait donc autoriser que ce qui est conforme à sa fin : à savoir la destruction de l’Etat ennemi. Si la guerre donne à un Etat (et à son armée) le droit de détruire un autre Etat (et donc les soldats en arme qui le défendent), la guerre ne donne nullement le droit de détruire les particuliers (ainsi que leurs biens) vivant dans l’Etat vaincu (encore une fois, Rousseau se place au niveau du droit et non des faits…). Il n’y a donc pas un droit (du vainqueur) d’échanger la liberté contre la vie (des populations vaincues) sans retomber dans la stricte loi du plus fort.. .ce qui nous ramène au chap. 3. La monarchie absolue ne peut par conséquent être fondée en droit : ni sur une puissance naturelle venue de dieu (contre Bossuet chap.3), ni sur un contrat de soumission tiré du droit du vainqueur (contre Grotius chap.4).
2) Le contrat d’association qui fait qu’un peuple est un peuple... Pour qu’un peuple se soumette à un maître, encore faudrait-il qu’il soit un peuple. Or, le peuple n’est pas une simple foule juxtaposant des individus, mais un tout résultant d’un acte constitutif de son unité . Cet acte par lequel un peuple est un peuple, définit le contrat social par excellence. De quoi s’agit-il ? Rousseau répond à cette question aux chapitres 5 et 6 du livre I. Le chapitre 5 insiste sur la différence qu’il y a entre une simple foule (une agrégation d’individus) et un peuple constitué (une association). Pour prendre une image, un tas de briques (une simple agrégation) n’est pas encore un mur construit (unifié en un tout). Comment passer alors de l’un à l’autre lorsqu’il s’agit des hommes ? Rousseau va montrer ici que le lien social (le ciment du mur) a une nature qui ne se réduit pas aux échanges et à la seule division du travail, comme on le pense couramment. Certes, les échanges induits par la division du travail, créent une communauté économique (à l’image par exemple, de l’Europe actuelle). Mais le lien social qui fait d’une juxtaposition d’individus un peuple, suppose autre chose. Ce lien est de nature politique et suppose un acte – le plus souvent implicite – par lequel chacun subordonne sa volonté particulière sous celle d’un tout. Prenons quelques exemples pour illustrer cet acte par lequel un peuple se constitue. En 1870 se pose la question « qu’est-ce qu’une Nation ? » à partir du sort de l’Alsace et de la Lorraine. Etre alsacien, est-ce être français ? Alors que l’Allemagne avance une conception ethnique de la nationalité allemande, la France se retrouve dans une conception rousseauiste impliquant une adhésion volontaire de chacun. Etre français suppose – indépendamment de sa culture d’origine et de ses convictions religieuses – d’accepter de s’en remettre à la volonté du peuple français. Je suis français dès lors que j’accepte de subordonner ma volonté particulière sous la volonté générale du peuple français. Or, cette adhésion volontaire est généralement implicite et du coup… invisible.
Lorsque nous votons par exemple, nous votons toujours 2 fois en une : la première en répondant à une question (ou en choisissant un candidat) et la seconde, en acceptant implicitement de nous soumettre à la loi de la majorité. Or, sans cet accord implicite supposant au moins « une fois l’unanimité », au nom de quoi « le petit nombre » (la minorité) se soumettrait-il « au choix du grand » (la majorité) ? Dans une assemblée quelconque, le moindre vote suppose donc un « contrat social » par lequel chacun accepte à l’avance, l’arbitrage de la majorité… mais cette acceptation invisible et implicite, ne va pas de soi. Indépendamment des thèses de Rousseau (pour qui ce contrat se joue lors d’un passage de l’état de nature à celui de République cf. chap. 6), nous pourrions dire qu’il se rejoue dans une démocratie, à chaque scrutin. En ce sens, la montée de l’abstentionnisme dans nos sociétés est à interpréter comme une rupture avec le contrat social par lequel un peuple est un peuple. Remarquons aussi que l’abstentionnisme va de paire avec la montée des communautarismes (moins je suis membre du peuple français et plus je me définis par rapport à mes appartenances culturelles et cultuelles…). Mais d’un autre côté, le peuple qui se délite parfois à force de ne pas participer à des scrutins auxquels il ne croit plus… se reconstitue d’un coup dans la rue alors qu’il dit sa colère. Nous savons combien « la rue » en période de grève et a fortiori de révolution, fabrique à nouveau du peuple. Dès que le peuple bat le pavé, il s’organise spontanément en assemblées générales où les votes deviennent l’affaire de tous les jours. Bref, nous serions tentés de dire qu’il y a du peuple là où il y a de la souveraineté populaire (le plus souvent hélas, en marge du pouvoir officiel qui la confisque…) et que le contrat social s’y rejoue à chaque instant. Que nos politiques cessent donc de s’inquiéter de la montée de l’abstentionnisme et des communautarismes qui l’accompagnent, s’ils s’accommodent dans le même temps, de la mise sous tutelle de la souveraineté populaire. Celle-ci fait le peuple autant que le peuple se fait en la faisant. Le peuple est tout entier dans un acte et cet acte (de contracter disait Rousseau) est tout entier dans l’exercice de sa souveraineté.
De « l’état de nature » à « l’état civil » (début du chap.6):
Le chapitre 6 commence par ces lignes : « je suppose les hommes parvenus à ce point… ». Suit la description d’un état de nature devenu invivable où « le genre humain périrait s’il ne changeait sa manière d’être ». On retrouve ainsi l’idée chère à Hobbes (ou à Locke) que la vie ajuridique et apolitique de l’état de nature est mortellement dangereuse. Rousseau décrivait pourtant l’homme à l’état de nature comme étant naturellement bon (s’opposant ainsi à Hobbes qui le décrivait comme un loup pour l’homme). En fait, l’état de nature se prolonge dans nos sociétés commençantes et l’apparition de la propriété privée engendre la société avant que n’apparaisse un véritable Etat de droit (cf. le Second discours de Rousseau sur les inégalités) . Faisons le point sur le sens des expressions « état de nature », « état de société » et « état civil ». Si le contrat social signifie le passage de « l’état de nature » (pré-humain, voire inhumain) à « l’état civil » (où la loi républicaine élève l’homme à la liberté), « l’état de société » prolonge « l’état de nature » ( en tant qu’état de guerre et de conflit) au delà d’une lointaine pré-histoire. Ce dernier stade de l’état de nature voit naître la division du travail et la propriété privée (la lutte des classes dirait Marx). Il s’applique donc en un certain sens, à la société du 18ème siècle en attente d’un authentique contrat social… La menace d’une destruction de l’humanité plongée dans un « état de guerre » perpétuel, condamne donc les hommes à périr ou à s’associer. Ainsi le 1er § de ce chap. 6 insiste sur les notions de « forces », de « résistances » et « d’obstacles ». Ce jeu quasi mécanique de forces permet de penser matériellement ce passage de l’état de nature et de société à celui de République ( République = « état civil »). Le contrat social ne fait pas seulement le peuple, il fait aussi l’homme dont la « perfectibilité » s’actualise selon les « circonstances » (il y a ici une dimension anthropogène du contrat comme le redira le chap.. D’où l’importance pour Rousseau de nous décrire le passage à l’état civil (via le contrat) comme le fruit quasi mécanique et matériel d’un concours de forces contradictoires (où l’homme joue sa vie ou sa mort). Ainsi, le déclic se fait lorsque les forces destructrices de l’humanité (« obstacles» », « résistance » dans cet état de nature…), dépassent les forces de survie naturelle de chaque individu. La solution ne peut venir alors que d’une convergence de ces forces individuelles, orchestrée par un artifice les associant dans une même direction (le contrat seul pouvant « unir et diriger » les forces naturelles et individuelles existantes : l’union faisant la force et le contrat faisant l’union…).
On remarque que Rousseau évite ainsi de tomber dans un cercle vicieux : le contrat ferait l’humain (liberté, raisonnabilité, moralité) tout en le présupposant (le contractant devrait-être - en amont du contrat - pourvu de toutes ces qualités qu’il est pourtant censé recevoir du contrat…). A cela 2 réponses : 1)le début du chapitre 6 suppose l’homme vivant déjà en « société » (bien qu’à l’état de nature) et par là, capable de raison et de langage au contact de ses semblables… (thèse la plus couramment évoquée et voisine de celle des autres philosophes contractualistes). Il n’est donc pas tout à fait un « animal stupide et borné » une seconde avant le contrat… et un être raisonnable et moral la seconde d’après (comme le suggère pourtant le chap. 8 sur lequel nous reviendrons) 2)autre piste, le passage à l’état civil se fait mécaniquement (résultante d’un rapport de forces) plus que moralement (par adhésion volontaire à une Idée) sur le mode d’une somme de forces s’unissant pour ne pas périr… la cause centripète de cette convergence entraînerait alors un effet supérieur à la cause : un saut qualitatif de l’infra-humain à l’humain. L’idée d’un saut qualitatif est pertinente en ce qu’elle permet de penser le processus historique qui fait l’homme et l’acte faisant qu’un peuple est un peuple est incontestablement un saut de cette nature (qui se réalisera en partie dans la prise de la Bastille le 14 juillet 89… cette thèse originale est soutenue par Yves Vargas édité au « temps des cerises » dans un souci de montrer l’approche matérialiste de Rousseau dans le texte que nous étudions cf. les promenades matérialistes de JJ Rousseau). Il n’est pas impossible de tenir ensemble les 2 explications retenant de la première que l’état de nature comporte plusieurs étapes (de la pré-histoire à la révolution française… d’où une humanité présente en amont du contrat). Et de la 2ème, l’idée qu’il y a des sauts qualitatifs où l’effet d’un changement (le contrat) produit plus (d’humanité) que sa cause n’en présuppose…
Ce n’est donc pas dans la Nature (chap. 2 et 3) que l’on peut chercher le fondement légitime du droit dont dépend l’ordre social. Par élimination des solutions naturalistes, il reste désormais à envisager l’hypothèse « contractualiste » d’une convention entre les hommes : d’un artifice par opposition à la nature (car le contrat social est bien un artifice).
Or ROUSSEAU n’est pas le premier à avoir pensé à l’idée d’un pacte social (ou contrat), qui serait la source et le fondement du politique. Le philosophe politique du XVIIè (en particulier Hobbes) pense déjà que l’homme n’est pas naturellement politique ( contrairement à la pensée antique illustrée par ARISTOTE pour qui l’homme était un animal politique naturellement). Le « contrat » permet à ces auteurs de penser le passage de « l’état de nature » (terme désignant un état éminemment dangereux et conflictuel, car antérieur à la société et à ses garanties juridiques et policières) à « l’état de société ». Seule la crainte de mourir pousserait alors chacun à se destituer de ses droits naturels ( limités à notre seule puissance et menacés par celle des autres) pour s’en remettre à la volonté d’un souverain (par exemple un monarque) qui veillerait sur la sécurité de tous. Pour la pensée moderne, L’Etat naît donc de l’artifice humain et non de la nature. Mais ROUSSEAU se démarque de la pensée contractuelle en ce que le seul souverain légitime sera à ses yeux le peuple lui même (et donc ni un roi, ni une puissance extérieure religieuse ou militaire).
Ainsi, ROUSSEAU distingue soigneusement 2 types de contrat :
1) Le contrat de soumission, où un peuple s’en remet à un souverain en renonçant ainsi à ses droits naturels (tel le contrat chez Hobbes). Or, ce type de contrat est injuste et illégitime selon ROUSSEAU car en renonçant à ses droits naturels, l’homme aliène ( c’est à dire « renonce») principalement sa liberté naturelle (son indépendance naturelle) en échange d’une bien maigre consolation : la sécurité. Autant dire qu’un peuple préfèrerait la prison (où l’on vit parfois en sécurité) à la liberté... ROUSSEAU vise en particulier la thèse de GROTIUS, juriste hollandais du 17ème siècle et défenseur de la monarchie absolue tirant du droit de la guerre, un prétendu droit de soumission des peuples. ROUSSEAU réfute cette thèse au chap. 4 où il se livre à une analyse pertinente du concept de guerre. Son argument est simple : l’homme est libre par nature. Renoncer à sa liberté serait renoncer à sa qualité d’homme. Ainsi, échanger sa liberté contre la sécurité, c’est échanger tout contre rien ou presque. Le contrat est alors illégitime car inéquitable (voilà pour répondre à Hobbes). Quant au droit de sou-mission des vaincus, il repose sur l’imposture du prétendu droit de vie ou de mort qu’auraient les vainqueurs sur les populations vaincues. Le droit de la guerre doit être déduit rationnellement de son concept. Il ne saurait donc autoriser que ce qui est conforme à sa fin : à savoir la destruction de l’Etat ennemi. Si la guerre donne à un Etat (et à son armée) le droit de détruire un autre Etat (et donc les soldats en arme qui le défendent), la guerre ne donne nullement le droit de détruire les particuliers (ainsi que leurs biens) vivant dans l’Etat vaincu (encore une fois, Rousseau se place au niveau du droit et non des faits…). Il n’y a donc pas un droit (du vainqueur) d’échanger la liberté contre la vie (des populations vaincues) sans retomber dans la stricte loi du plus fort.. .ce qui nous ramène au chap. 3. La monarchie absolue ne peut par conséquent être fondée en droit : ni sur une puissance naturelle venue de dieu (contre Bossuet chap.3), ni sur un contrat de soumission tiré du droit du vainqueur (contre Grotius chap.4).
2) Le contrat d’association qui fait qu’un peuple est un peuple... Pour qu’un peuple se soumette à un maître, encore faudrait-il qu’il soit un peuple. Or, le peuple n’est pas une simple foule juxtaposant des individus, mais un tout résultant d’un acte constitutif de son unité . Cet acte par lequel un peuple est un peuple, définit le contrat social par excellence. De quoi s’agit-il ? Rousseau répond à cette question aux chapitres 5 et 6 du livre I. Le chapitre 5 insiste sur la différence qu’il y a entre une simple foule (une agrégation d’individus) et un peuple constitué (une association). Pour prendre une image, un tas de briques (une simple agrégation) n’est pas encore un mur construit (unifié en un tout). Comment passer alors de l’un à l’autre lorsqu’il s’agit des hommes ? Rousseau va montrer ici que le lien social (le ciment du mur) a une nature qui ne se réduit pas aux échanges et à la seule division du travail, comme on le pense couramment. Certes, les échanges induits par la division du travail, créent une communauté économique (à l’image par exemple, de l’Europe actuelle). Mais le lien social qui fait d’une juxtaposition d’individus un peuple, suppose autre chose. Ce lien est de nature politique et suppose un acte – le plus souvent implicite – par lequel chacun subordonne sa volonté particulière sous celle d’un tout. Prenons quelques exemples pour illustrer cet acte par lequel un peuple se constitue. En 1870 se pose la question « qu’est-ce qu’une Nation ? » à partir du sort de l’Alsace et de la Lorraine. Etre alsacien, est-ce être français ? Alors que l’Allemagne avance une conception ethnique de la nationalité allemande, la France se retrouve dans une conception rousseauiste impliquant une adhésion volontaire de chacun. Etre français suppose – indépendamment de sa culture d’origine et de ses convictions religieuses – d’accepter de s’en remettre à la volonté du peuple français. Je suis français dès lors que j’accepte de subordonner ma volonté particulière sous la volonté générale du peuple français. Or, cette adhésion volontaire est généralement implicite et du coup… invisible.
Lorsque nous votons par exemple, nous votons toujours 2 fois en une : la première en répondant à une question (ou en choisissant un candidat) et la seconde, en acceptant implicitement de nous soumettre à la loi de la majorité. Or, sans cet accord implicite supposant au moins « une fois l’unanimité », au nom de quoi « le petit nombre » (la minorité) se soumettrait-il « au choix du grand » (la majorité) ? Dans une assemblée quelconque, le moindre vote suppose donc un « contrat social » par lequel chacun accepte à l’avance, l’arbitrage de la majorité… mais cette acceptation invisible et implicite, ne va pas de soi. Indépendamment des thèses de Rousseau (pour qui ce contrat se joue lors d’un passage de l’état de nature à celui de République cf. chap. 6), nous pourrions dire qu’il se rejoue dans une démocratie, à chaque scrutin. En ce sens, la montée de l’abstentionnisme dans nos sociétés est à interpréter comme une rupture avec le contrat social par lequel un peuple est un peuple. Remarquons aussi que l’abstentionnisme va de paire avec la montée des communautarismes (moins je suis membre du peuple français et plus je me définis par rapport à mes appartenances culturelles et cultuelles…). Mais d’un autre côté, le peuple qui se délite parfois à force de ne pas participer à des scrutins auxquels il ne croit plus… se reconstitue d’un coup dans la rue alors qu’il dit sa colère. Nous savons combien « la rue » en période de grève et a fortiori de révolution, fabrique à nouveau du peuple. Dès que le peuple bat le pavé, il s’organise spontanément en assemblées générales où les votes deviennent l’affaire de tous les jours. Bref, nous serions tentés de dire qu’il y a du peuple là où il y a de la souveraineté populaire (le plus souvent hélas, en marge du pouvoir officiel qui la confisque…) et que le contrat social s’y rejoue à chaque instant. Que nos politiques cessent donc de s’inquiéter de la montée de l’abstentionnisme et des communautarismes qui l’accompagnent, s’ils s’accommodent dans le même temps, de la mise sous tutelle de la souveraineté populaire. Celle-ci fait le peuple autant que le peuple se fait en la faisant. Le peuple est tout entier dans un acte et cet acte (de contracter disait Rousseau) est tout entier dans l’exercice de sa souveraineté.
De « l’état de nature » à « l’état civil » (début du chap.6):
Le chapitre 6 commence par ces lignes : « je suppose les hommes parvenus à ce point… ». Suit la description d’un état de nature devenu invivable où « le genre humain périrait s’il ne changeait sa manière d’être ». On retrouve ainsi l’idée chère à Hobbes (ou à Locke) que la vie ajuridique et apolitique de l’état de nature est mortellement dangereuse. Rousseau décrivait pourtant l’homme à l’état de nature comme étant naturellement bon (s’opposant ainsi à Hobbes qui le décrivait comme un loup pour l’homme). En fait, l’état de nature se prolonge dans nos sociétés commençantes et l’apparition de la propriété privée engendre la société avant que n’apparaisse un véritable Etat de droit (cf. le Second discours de Rousseau sur les inégalités) . Faisons le point sur le sens des expressions « état de nature », « état de société » et « état civil ». Si le contrat social signifie le passage de « l’état de nature » (pré-humain, voire inhumain) à « l’état civil » (où la loi républicaine élève l’homme à la liberté), « l’état de société » prolonge « l’état de nature » ( en tant qu’état de guerre et de conflit) au delà d’une lointaine pré-histoire. Ce dernier stade de l’état de nature voit naître la division du travail et la propriété privée (la lutte des classes dirait Marx). Il s’applique donc en un certain sens, à la société du 18ème siècle en attente d’un authentique contrat social… La menace d’une destruction de l’humanité plongée dans un « état de guerre » perpétuel, condamne donc les hommes à périr ou à s’associer. Ainsi le 1er § de ce chap. 6 insiste sur les notions de « forces », de « résistances » et « d’obstacles ». Ce jeu quasi mécanique de forces permet de penser matériellement ce passage de l’état de nature et de société à celui de République ( République = « état civil »). Le contrat social ne fait pas seulement le peuple, il fait aussi l’homme dont la « perfectibilité » s’actualise selon les « circonstances » (il y a ici une dimension anthropogène du contrat comme le redira le chap.. D’où l’importance pour Rousseau de nous décrire le passage à l’état civil (via le contrat) comme le fruit quasi mécanique et matériel d’un concours de forces contradictoires (où l’homme joue sa vie ou sa mort). Ainsi, le déclic se fait lorsque les forces destructrices de l’humanité (« obstacles» », « résistance » dans cet état de nature…), dépassent les forces de survie naturelle de chaque individu. La solution ne peut venir alors que d’une convergence de ces forces individuelles, orchestrée par un artifice les associant dans une même direction (le contrat seul pouvant « unir et diriger » les forces naturelles et individuelles existantes : l’union faisant la force et le contrat faisant l’union…).
On remarque que Rousseau évite ainsi de tomber dans un cercle vicieux : le contrat ferait l’humain (liberté, raisonnabilité, moralité) tout en le présupposant (le contractant devrait-être - en amont du contrat - pourvu de toutes ces qualités qu’il est pourtant censé recevoir du contrat…). A cela 2 réponses : 1)le début du chapitre 6 suppose l’homme vivant déjà en « société » (bien qu’à l’état de nature) et par là, capable de raison et de langage au contact de ses semblables… (thèse la plus couramment évoquée et voisine de celle des autres philosophes contractualistes). Il n’est donc pas tout à fait un « animal stupide et borné » une seconde avant le contrat… et un être raisonnable et moral la seconde d’après (comme le suggère pourtant le chap. 8 sur lequel nous reviendrons) 2)autre piste, le passage à l’état civil se fait mécaniquement (résultante d’un rapport de forces) plus que moralement (par adhésion volontaire à une Idée) sur le mode d’une somme de forces s’unissant pour ne pas périr… la cause centripète de cette convergence entraînerait alors un effet supérieur à la cause : un saut qualitatif de l’infra-humain à l’humain. L’idée d’un saut qualitatif est pertinente en ce qu’elle permet de penser le processus historique qui fait l’homme et l’acte faisant qu’un peuple est un peuple est incontestablement un saut de cette nature (qui se réalisera en partie dans la prise de la Bastille le 14 juillet 89… cette thèse originale est soutenue par Yves Vargas édité au « temps des cerises » dans un souci de montrer l’approche matérialiste de Rousseau dans le texte que nous étudions cf. les promenades matérialistes de JJ Rousseau). Il n’est pas impossible de tenir ensemble les 2 explications retenant de la première que l’état de nature comporte plusieurs étapes (de la pré-histoire à la révolution française… d’où une humanité présente en amont du contrat). Et de la 2ème, l’idée qu’il y a des sauts qualitatifs où l’effet d’un changement (le contrat) produit plus (d’humanité) que sa cause n’en présuppose…
Marie- Nombre de messages : 180
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Re: livre I Contrat social
* Etude linéaire : (chap. 6) : du pacte social
(1ers Paragraphes : suite)
ROUSSEAU cherche donc à définir précisément le contrat social (ou contrat d’association) en mon-trant que celui—ci sera à la fois utile et juste. Utile, car une telle association doit pouvoir protéger la vie et les biens de chacun en mobilisant la force publique qui n’est autre que l’addition des forces individuelles (faute de pouvoir « engendrer de nouvelles forces »). Mais le contrat d’associa-tion ne doit pas seulement être utile, il doit encore être juste, c’est à dire qu’il doit garantir l’égalité et la liberté : « ...chacun n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ». La liberté dont jouissait l’homme auparavant, c’est la liberté naturelle (= liberté d’indépendance de l’homme à l’état de nature). Quant au fait de n’obéir qu’à soi-même, c’est la définition exacte de la liberté politique du citoyen dans une République. En tant que citoyen, l’homme décide des lois (la loi étant l’expression de la volonté du peuple dont il fait partie) et en obéissant aux lois, le citoyen n’obéit qu’à lui—mime. Il est donc autonome et non simplement indépendant (comme à l’état de nature).
(5ème Paragraphe)
Trouver quelle est la forme de cette association contractuelle revient donc à en chercher les clauses. (tout contrat par lequel une personne s’oblige envers une autre ou plusieurs autres prend la forme d’un certain nombre de clauses ou conventions).
— ROUSSEAU ne révèle pas encore ces clauses, mais il nous apprend 2 choses les concernant :
1) Ces clauses peuvent être déduites universellement de l’acte même de contracter : « les clauses...sont.. .déterminées par la nature de l’acte… ». Elles sont donc « partout les mêmes », dès que se constitue un peuple souverain quelque part sur la planète…
2) Ces clauses n’ont pas nécessairement à être proclamées explicitement dans une déclaration pour exister partout « implicitement » ou « tacitement », dans l’esprit de chaque citoyen. Par exemple, en tant que citoyen français, je n’adhère pas à des clauses explicites par un acte solennel à l’âge de 18 ans. Mais lorsque je vote, j’accepte implicitement le verdict des urnes et donc de la volonté générale. En tirant le texte vers une lecture matérialiste, on retrouverait l’idée (cf. chapitre 5 )que lorsque le peuple se réapproprie sa souveraineté dans un mouvement de révolte (prise de la Bastille…), partout dans le monde se rejoue le même pacte social sans que jamais n’en soient explicitées les clauses…
— Enfin, ROUSSEAU montre que dès que ces clauses tacites sont violées, le peuple reprend ses anciens droits, c’est à dire ses droits naturels et en particulier sa « liberté naturelle » (d’indépendance). Par « liberté conventionnelle » entendez la liberté résultant de la convention du contrat, liberté qui se ramène à l’obéissance à la loi (autonomie). ROUSSEAU rappelle ici qu’à chaque fois que ces clauses tacites sont violées, le peuple se donne le droit de reprendre sa liberté (cf. remarques sur le « droit » de révolte au chapitres 1 et 3).
(6ème Paragraphe)
C’est dans ce paragraphe que ROUSSEAU explicite enfin le contenu de ces clauses. En fait, ces clauses se ramènent toutes à une seule : l’aliénation totale pour chaque associé de tous ses droits naturels. Aliéner un droit signifie renoncer à ce droit. Quant aux droits naturels, ils se ramènent essentiellement à 2 choses : droit de possession de tout ce que j’ai la force de m’approprier et de conserver (un territoire, un outil, une femme...) et droit de jouir d’une totale indépendance (liberté naturelle). Le droit naturel ne connaît qu’une limite, ma propre force à le faire valoir. Tant que les hommes vivent isolés (1er état de nature), ils ne se nuisent pas et leurs droits naturels ne sont pas mena-cés. Mais nous avons vu que la vie en "société commençante" (dernier étape de l’état de nature) expose l’homme à la menace des autres hommes. Renoncer à son droit naturel devient alors une nécessité vitale où l’homme n’a plus rien à perdre. Mais pour que le contrat soit juste, il faut que l’aliénation soit totale. Ainsi, personne ne pourra prétendre à des privilèges, personne ne pourra faire valoir un quelconque droit naturel qu’il aurait sur les autres.
De plus, la totale réciprocité du contrat va garantir l’égalité absolue entre les associés.
Le renoncement que j’impose à autrui, je me l’impose également à moi—mime. L’obligation que j’impose à autrui vaut aussi pour moi. Voilà pourquoi, « nul n’a intérêt à la rendre onéreuse ».
Rousseau fait donc du contrat le fondement du droit selon le schéma suivant (on parle alors de fondement contractuel du droit) :
contrat ————> le peuple ————> la loi ---------- > le droit
social (=l’acte de (=expression de (ensemble des lois)
contracter) la volonté du
peuple)
ROUSSEAU montre comment la loi est nécessairement juste c’est à dire égale pour tous et en même temps utile car personne ne peut vouloir une loi nuisible ou onéreuse dès lors qu’il sera lui-même soumis à cette loi. C’est donc la réciprocité du contrat qui fonde et garantit l’utilité et la légitimité du droit.
(7ème Paragraphe)
Ce paragraphe insiste sur une chose essentielle : l’aliénation des droits naturels doit être réciproque et totale, faute de quoi le contrat serait vain ou tyrannique. Pour expliquer ce point précis prenons un exemple emprunté à SOPHOCLE. Lorsque ANTIGONE défie les lois de la cité de THEBES et provoque l’autorité de son oncle CREON, en tentant de donner une sépulture à son frère alors que ce dernier est puni pour trahison (condamné donc à pourrir sans sépulture), ANTIGONE se donne le droit de désobéir aux lois de la cité au nom d’un droit naturel inaliénable, selon lequel une sœur doit respecter la dépouille de son frère. Or dans un tel conflit, qui va pouvoir décider et trancher ? Est-ce CREON et avec lui, le pouvoir politique ? Non, puisqu’ ANTIGONE ne lui reconnaît pas ce droit. Est-ce ANTIGONE ? Alors, il faut reconnaître à chacun, le droit de désobéissance, ce qui rendrait vain le contrat social (inutile car retour à l’état de nature) ou tyrannique (le plus fort impose ses droits aux autres). Ainsi, comme le dit ROUSSEAU « il n’y aurait aucun supérieur commun qui “ puisse trancher... » dans ce conflit opposant droit naturel et droit positif (cf. cours sur le sens de ces 2 termes)
Voilà pourquoi le contrat social exige comme sa condition nécessaire, l’aliénation totale du droit naturel. En cas de conflit, c’est alors la loi qui décide et par elle, la volonté du peuple sachant qu’ainsi, nul ne dépend de personne et chacun se soumet au tout. La liberté consiste alors « à ne dépendre que des lois » et non de l’arbitraire d’un despote, et ces lois sont nécessairement équitables (par l’effet de la réciprocité).
Notons au passage, une différence de taille avec l’esprit de la révolution française et de la déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789. Dans cette déclaration, le texte fait état des “droits naturels ina-liénables et sacrés de l’homme”. L’article 2 dit clairement que « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels (...) de l’homme. »
Aujourd’hui, nous parlons toujours des droits (naturels) de l’homme comme cri-tères du droit positif. Sur ce point, MIRABEAU et les législateurs de la révo-lution française ne sont pas exclusivement rousseauistes, encore moins quand ils font de la propriété privée un droit naturel “inviolable et sacré”, ce qui ne manquera pas de retenir l’attention de MARX (cf. — La question juive). La déclaration de 1789 obéit donc à une double influence : celle du droit naturel inviolable (hérité du libéralisme politique cf. Locke dans le cours sur l’Etat) et celle de la souveraineté populaire à l’origine de la loi (héritée de Rousseau).
(1ers Paragraphes : suite)
ROUSSEAU cherche donc à définir précisément le contrat social (ou contrat d’association) en mon-trant que celui—ci sera à la fois utile et juste. Utile, car une telle association doit pouvoir protéger la vie et les biens de chacun en mobilisant la force publique qui n’est autre que l’addition des forces individuelles (faute de pouvoir « engendrer de nouvelles forces »). Mais le contrat d’associa-tion ne doit pas seulement être utile, il doit encore être juste, c’est à dire qu’il doit garantir l’égalité et la liberté : « ...chacun n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant ». La liberté dont jouissait l’homme auparavant, c’est la liberté naturelle (= liberté d’indépendance de l’homme à l’état de nature). Quant au fait de n’obéir qu’à soi-même, c’est la définition exacte de la liberté politique du citoyen dans une République. En tant que citoyen, l’homme décide des lois (la loi étant l’expression de la volonté du peuple dont il fait partie) et en obéissant aux lois, le citoyen n’obéit qu’à lui—mime. Il est donc autonome et non simplement indépendant (comme à l’état de nature).
(5ème Paragraphe)
Trouver quelle est la forme de cette association contractuelle revient donc à en chercher les clauses. (tout contrat par lequel une personne s’oblige envers une autre ou plusieurs autres prend la forme d’un certain nombre de clauses ou conventions).
— ROUSSEAU ne révèle pas encore ces clauses, mais il nous apprend 2 choses les concernant :
1) Ces clauses peuvent être déduites universellement de l’acte même de contracter : « les clauses...sont.. .déterminées par la nature de l’acte… ». Elles sont donc « partout les mêmes », dès que se constitue un peuple souverain quelque part sur la planète…
2) Ces clauses n’ont pas nécessairement à être proclamées explicitement dans une déclaration pour exister partout « implicitement » ou « tacitement », dans l’esprit de chaque citoyen. Par exemple, en tant que citoyen français, je n’adhère pas à des clauses explicites par un acte solennel à l’âge de 18 ans. Mais lorsque je vote, j’accepte implicitement le verdict des urnes et donc de la volonté générale. En tirant le texte vers une lecture matérialiste, on retrouverait l’idée (cf. chapitre 5 )que lorsque le peuple se réapproprie sa souveraineté dans un mouvement de révolte (prise de la Bastille…), partout dans le monde se rejoue le même pacte social sans que jamais n’en soient explicitées les clauses…
— Enfin, ROUSSEAU montre que dès que ces clauses tacites sont violées, le peuple reprend ses anciens droits, c’est à dire ses droits naturels et en particulier sa « liberté naturelle » (d’indépendance). Par « liberté conventionnelle » entendez la liberté résultant de la convention du contrat, liberté qui se ramène à l’obéissance à la loi (autonomie). ROUSSEAU rappelle ici qu’à chaque fois que ces clauses tacites sont violées, le peuple se donne le droit de reprendre sa liberté (cf. remarques sur le « droit » de révolte au chapitres 1 et 3).
(6ème Paragraphe)
C’est dans ce paragraphe que ROUSSEAU explicite enfin le contenu de ces clauses. En fait, ces clauses se ramènent toutes à une seule : l’aliénation totale pour chaque associé de tous ses droits naturels. Aliéner un droit signifie renoncer à ce droit. Quant aux droits naturels, ils se ramènent essentiellement à 2 choses : droit de possession de tout ce que j’ai la force de m’approprier et de conserver (un territoire, un outil, une femme...) et droit de jouir d’une totale indépendance (liberté naturelle). Le droit naturel ne connaît qu’une limite, ma propre force à le faire valoir. Tant que les hommes vivent isolés (1er état de nature), ils ne se nuisent pas et leurs droits naturels ne sont pas mena-cés. Mais nous avons vu que la vie en "société commençante" (dernier étape de l’état de nature) expose l’homme à la menace des autres hommes. Renoncer à son droit naturel devient alors une nécessité vitale où l’homme n’a plus rien à perdre. Mais pour que le contrat soit juste, il faut que l’aliénation soit totale. Ainsi, personne ne pourra prétendre à des privilèges, personne ne pourra faire valoir un quelconque droit naturel qu’il aurait sur les autres.
De plus, la totale réciprocité du contrat va garantir l’égalité absolue entre les associés.
Le renoncement que j’impose à autrui, je me l’impose également à moi—mime. L’obligation que j’impose à autrui vaut aussi pour moi. Voilà pourquoi, « nul n’a intérêt à la rendre onéreuse ».
Rousseau fait donc du contrat le fondement du droit selon le schéma suivant (on parle alors de fondement contractuel du droit) :
contrat ————> le peuple ————> la loi ---------- > le droit
social (=l’acte de (=expression de (ensemble des lois)
contracter) la volonté du
peuple)
ROUSSEAU montre comment la loi est nécessairement juste c’est à dire égale pour tous et en même temps utile car personne ne peut vouloir une loi nuisible ou onéreuse dès lors qu’il sera lui-même soumis à cette loi. C’est donc la réciprocité du contrat qui fonde et garantit l’utilité et la légitimité du droit.
(7ème Paragraphe)
Ce paragraphe insiste sur une chose essentielle : l’aliénation des droits naturels doit être réciproque et totale, faute de quoi le contrat serait vain ou tyrannique. Pour expliquer ce point précis prenons un exemple emprunté à SOPHOCLE. Lorsque ANTIGONE défie les lois de la cité de THEBES et provoque l’autorité de son oncle CREON, en tentant de donner une sépulture à son frère alors que ce dernier est puni pour trahison (condamné donc à pourrir sans sépulture), ANTIGONE se donne le droit de désobéir aux lois de la cité au nom d’un droit naturel inaliénable, selon lequel une sœur doit respecter la dépouille de son frère. Or dans un tel conflit, qui va pouvoir décider et trancher ? Est-ce CREON et avec lui, le pouvoir politique ? Non, puisqu’ ANTIGONE ne lui reconnaît pas ce droit. Est-ce ANTIGONE ? Alors, il faut reconnaître à chacun, le droit de désobéissance, ce qui rendrait vain le contrat social (inutile car retour à l’état de nature) ou tyrannique (le plus fort impose ses droits aux autres). Ainsi, comme le dit ROUSSEAU « il n’y aurait aucun supérieur commun qui “ puisse trancher... » dans ce conflit opposant droit naturel et droit positif (cf. cours sur le sens de ces 2 termes)
Voilà pourquoi le contrat social exige comme sa condition nécessaire, l’aliénation totale du droit naturel. En cas de conflit, c’est alors la loi qui décide et par elle, la volonté du peuple sachant qu’ainsi, nul ne dépend de personne et chacun se soumet au tout. La liberté consiste alors « à ne dépendre que des lois » et non de l’arbitraire d’un despote, et ces lois sont nécessairement équitables (par l’effet de la réciprocité).
Notons au passage, une différence de taille avec l’esprit de la révolution française et de la déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789. Dans cette déclaration, le texte fait état des “droits naturels ina-liénables et sacrés de l’homme”. L’article 2 dit clairement que « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels (...) de l’homme. »
Aujourd’hui, nous parlons toujours des droits (naturels) de l’homme comme cri-tères du droit positif. Sur ce point, MIRABEAU et les législateurs de la révo-lution française ne sont pas exclusivement rousseauistes, encore moins quand ils font de la propriété privée un droit naturel “inviolable et sacré”, ce qui ne manquera pas de retenir l’attention de MARX (cf. — La question juive). La déclaration de 1789 obéit donc à une double influence : celle du droit naturel inviolable (hérité du libéralisme politique cf. Locke dans le cours sur l’Etat) et celle de la souveraineté populaire à l’origine de la loi (héritée de Rousseau).
Marie- Nombre de messages : 180
Age : 33
Date d'inscription : 02/11/2008
Re: livre I Contrat social
(8ème Paragraphe)
« Enfin, chacun se donnant à tous… » Ce
paragraphe nous rappelle le principe de la réciprocité garant de
l’égalité et de l’équité du droit. Ainsi, le contrat est bien juste
(liberté et égalité) et utile (la force du tout protège chacun).
Mais
ce paragraphe nous apprend quelque chose d’essentiel, à savoir quels
sont les deux parties qui contractent, car tout contrat se joue entre
au moins deux parties ou personnes.
Dans le contrat de
soumission, les deux parties étaient les suivantes : tout le peuple
d’une part, et le monarque d’autre part (rupture de la réciprocité et
perte de l’égalité).
Dans le contrat d’association, chacun est
partie contractant avec le tout lui-même comme personne morale. Ainsi,
rien n’est au dessus du peuple et sa souveraineté est sans limite
(chacun se donnant à tous).
(9ème Paragraphe)
Ce
paragraphe formule la clause fondamentale du contrat : “chacun de nous
met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême
direction de la volonté générale”, entendons par là, la volonté du
peuple. Sur le concept de volonté générale, disons rapidement ici
qu’elle n’est générale qu’en ce qu’elle vise l'intérêt public,
l'intérêt commun ou encore l’intérêt général, (elle s’op-pose donc à la
volonté particulière) et ajoutons enfin, que cette volonté générale
résulte selon ROUSSEAU (ce qui ne va pas sans poser de problèmes cf. le
cours sur l’Etat) de la majorité exprimée par les volontés des
citoyens. ROUSSEAU aura soin de préciser que la volonté générale ne se
réduit pas à une somme d’intérêts particuliers qui seraient
majoritaires, d’où justement un certain nombre de difficultés (cf.
Livre II, chap.3 pour approfondir. En particulier, la nécessité que le
peuple soit « suffisamment informé » pour que sa délibération soit
juste… on pense au rôle actuel des médias sous le haut contrôle de
multinationales spontanément soucieuses de l’intérêt général ? )
(...)“et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout”. Le corps politique ainsi constitué, s’appellera le Peuple.
Rappelons que le Peuple (la Nation) n’est pas pour ROUSSEAU une
communauté ethnique, mais une libre association (cf. chap.5). ROUSSEAU
emprunte à la biologie cette métaphore d’un corps organique dans le
sens où celui—ci donne le modèle d’un rap-port très étroit entre le
tout et les parties (l’un n’existant pas sans les autres et illustre
l’idée que ce tout obéit “comme un seul homme” à une même volonté. Mais
il va de soi que ce corps constitue en fait une personne morale qui,
tantôt légifère (elle prend alors le nom de souverain) tantôt est
soumise à ses propres lois (elle s’appelle alors Etat, à distinguer ici
de l’Etat au sens moderne du terme). Mais dans tous les cas, cette
personne publique s’appelle une République (il y a République dès que
la loi est l’expression de la volonté du peuple souve-rain et sert
ainsi l’intérêt commun). Le membre pour sa part sera un sujet (en ce
qu’il obéit aux lois) et un citoyen (en ce qu’il fait les lois). Dans
une Répu-blique, le sujet est aussi un citoyen alors que dans un régime
despotique, il n’est que sujet.
* Intérêt philosophique de l’extrait
La
question du fondement (des principes) est une question éminemment
philosophique (et peut-être même LA question philosophique par
excellence). On parlera de philosophie contractuelle dès qu’on cherche
le droit du droit (ou le principe du droit) dans un contrat social.
Prenons quelques exemples pour bien le comprendre.
1) Le
droit de propriété privée (livre I, 9). La propriété privée ne relève
pas pour Rousseau d’un droit naturel mais du droit positif. Je ne
deviens propriétaire de ma maison que par un acte juridique alors que
le voleur de ma voiture n’en sera que le possesseur (non le
propriétaire). Or la propriété n’est légitime que si le Tout (le peuple
souverain) redistribue les biens (ROUSSEAU pense surtout aux terres) en
fonction des besoins réels de chacun, afin que personne n’ait rien de
trop et que tout le monde ait quelque chose (voir la note de la fin du
chap. 9 livre I). Trop d’inégalités sociales reviendrait en effet, à
rendre caduque l’égalité devant la loi et le droit ne serait profitable
alors qu’à ceux qui ont beaucoup... cette mise en garde est loin d’être
périmée malheureusement. Sur ce point, bon nombre de révolutions en
Amérique du Sud, mettront à profit cette règle de partage des
richesses, au grand dam des grands propriétaires terriens expropriés…
le droit de propriété n’est donc pas ici un droit naturel et sacré…
comme l’affirme pourtant la déclaration des droits de l’homme de 1789 !
2)
Le droit pénal ou droit de punir (I, et II, 5) : de quel droit punit-on
? En menaçant les biens et la vie des autres membres, le citoyen
devient un “ennemi” du peuple puisqu’il va contre la finalité première
du contrat (protec-tion des biens et des personnes). Du coup, la
République le traite comme un ennemi et « le droit de la guerre est de
tuer le vaincu » (peine de mort). Si le coupable n’a fait que désobéir
aux lois, on le forcera à l’obéissance, c’est à dire, on le « forcera à
être libre » (chap.7). La force de l’Etat est donc nécessaire à la
liberté selon Rousseau, dès lors que la force tire son principe du
droit et celui-ci de la souveraineté du peuple. (le paradoxe de la
formule de Rousseau « on le forcera à être libre » s’éclaire par
ailleurs, dès que l’on définit la liberté politique par le fait de
n’obéir qu’aux lois)
3)Le droit politique ou constitutionnel (II, 6, 12) définissant nos lois fondamentales :
Lorsque
“tout le peuple statue sur tout le peuple” les lois qui en résultent
sont les « lois politiques » (dont notre droit constitutionnel actuel
serait une illustration). Mais il faut ajouter que lorsque le peuple se
prononce sur un fait ou une personne en particulier, il ne s’agit que
d’un décret (ex. élection d’un Président de la République). Si au
contraire, il n’en-visage que lui—même dans sa totalité (condition pour
que la loi soit générale), ce rapport du Tout avec le Tout définit
précisément la loi au sens fort du terme (ex. en 1958, le référendum
pour valider la constitution de la Ve République. Ici, tout le peuple
statue sur tout le peuple). Imposer à un peuple, une constitution qu’il
n’aurait pas validée (par un référendum), serait nier sa souveraineté
et par là, nier le principe même de l’Etat de droit… par exemple,
l’actuelle construction européenne pourrait-elle s’exempter de cette
règle élémentaire sans bafouer la démocratie ?
Sur la
question du fondement du droit, le débat reste ouvert. La philosophie
contractuelle est à distinguer de 2 autres réponses possibles. L’école
positiviste (de Hans Kelsen par exemple) refuse de reconnaître une
norme de justice extérieure au droit, à laquelle il devrait rendre des
comptes… la norme du droit, c’est le droit positif lui même dira le
positivisme juridique, faute de pouvoir trouver une norme de justice
universellement reconnue. Si cette théorie a le mérite d’être
pragmatique, elle évacue un peu facilement la question incontournable
de la légitimité du droit sous prétexte de relativisme (ce qui est
juste ici ne le serait pas ailleurs…). La théorie du droit naturel
(associée au libéralisme politique cf. cours sur l’Etat) propose une
dernière réponse à notre problème. Le droit positif sera juste s’il
s’accorde avec le droit naturel (si possible, sous sa forme écrite et «
positivée » que constituent les droits de l’homme). La Vè République
dispose ainsi d’un « conseil constitutionnel » susceptible de dire si
le droit positif voté par le législatif (assemblée et sénat) est
conforme à la constitution(la déclaration des droits de l’homme ayant
alors une valeur constitutionnelle). Mais on retrouve notre débat sur
la légitimité du droit, déplacé du droit positif au droit naturel lui
même… pourquoi la propriété des terres par exemple, serait-elle un
droit naturel sacré ? Ne s’agit-il pas de sacraliser ce qui est utile
aux riches propriétaires terriens ? La même question se pose pour les
ressources naturelles de la planète (eau, gaz, pétrole…). Le droit de
propriété des multinationales sur ces richesses naturelles est-il un
droit sacré? Enfin, pourquoi les droits de l’homme définissant les
droits sociaux (les « droits à… » appelés « droits créances » par
opposition aux « droits de… » appelés « droits libertés ») tels le
droit à la santé, l’éducation, l’habitat, la nourriture, le travail…
sont-ils si peu contraignants pour nos Etats modernes ? Le « droit au
travail » est à peine reconnu (il rend pourtant le chômage illégal) et
se réduit bien souvent au simple droit (à la liberté ) de chercher du
travail », au détriment « du droit du travail »… L’homme des droits de
l’homme serait-il toujours le riche, le propriétaire ? La question du
droit du droit se repose donc toujours depuis Rousseau… et sa réponse -
la souveraineté populaire - continue de se faire entendre, n’en
déplaise aux puissants !
« Enfin, chacun se donnant à tous… » Ce
paragraphe nous rappelle le principe de la réciprocité garant de
l’égalité et de l’équité du droit. Ainsi, le contrat est bien juste
(liberté et égalité) et utile (la force du tout protège chacun).
Mais
ce paragraphe nous apprend quelque chose d’essentiel, à savoir quels
sont les deux parties qui contractent, car tout contrat se joue entre
au moins deux parties ou personnes.
Dans le contrat de
soumission, les deux parties étaient les suivantes : tout le peuple
d’une part, et le monarque d’autre part (rupture de la réciprocité et
perte de l’égalité).
Dans le contrat d’association, chacun est
partie contractant avec le tout lui-même comme personne morale. Ainsi,
rien n’est au dessus du peuple et sa souveraineté est sans limite
(chacun se donnant à tous).
(9ème Paragraphe)
Ce
paragraphe formule la clause fondamentale du contrat : “chacun de nous
met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême
direction de la volonté générale”, entendons par là, la volonté du
peuple. Sur le concept de volonté générale, disons rapidement ici
qu’elle n’est générale qu’en ce qu’elle vise l'intérêt public,
l'intérêt commun ou encore l’intérêt général, (elle s’op-pose donc à la
volonté particulière) et ajoutons enfin, que cette volonté générale
résulte selon ROUSSEAU (ce qui ne va pas sans poser de problèmes cf. le
cours sur l’Etat) de la majorité exprimée par les volontés des
citoyens. ROUSSEAU aura soin de préciser que la volonté générale ne se
réduit pas à une somme d’intérêts particuliers qui seraient
majoritaires, d’où justement un certain nombre de difficultés (cf.
Livre II, chap.3 pour approfondir. En particulier, la nécessité que le
peuple soit « suffisamment informé » pour que sa délibération soit
juste… on pense au rôle actuel des médias sous le haut contrôle de
multinationales spontanément soucieuses de l’intérêt général ? )
(...)“et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout”. Le corps politique ainsi constitué, s’appellera le Peuple.
Rappelons que le Peuple (la Nation) n’est pas pour ROUSSEAU une
communauté ethnique, mais une libre association (cf. chap.5). ROUSSEAU
emprunte à la biologie cette métaphore d’un corps organique dans le
sens où celui—ci donne le modèle d’un rap-port très étroit entre le
tout et les parties (l’un n’existant pas sans les autres et illustre
l’idée que ce tout obéit “comme un seul homme” à une même volonté. Mais
il va de soi que ce corps constitue en fait une personne morale qui,
tantôt légifère (elle prend alors le nom de souverain) tantôt est
soumise à ses propres lois (elle s’appelle alors Etat, à distinguer ici
de l’Etat au sens moderne du terme). Mais dans tous les cas, cette
personne publique s’appelle une République (il y a République dès que
la loi est l’expression de la volonté du peuple souve-rain et sert
ainsi l’intérêt commun). Le membre pour sa part sera un sujet (en ce
qu’il obéit aux lois) et un citoyen (en ce qu’il fait les lois). Dans
une Répu-blique, le sujet est aussi un citoyen alors que dans un régime
despotique, il n’est que sujet.
* Intérêt philosophique de l’extrait
La
question du fondement (des principes) est une question éminemment
philosophique (et peut-être même LA question philosophique par
excellence). On parlera de philosophie contractuelle dès qu’on cherche
le droit du droit (ou le principe du droit) dans un contrat social.
Prenons quelques exemples pour bien le comprendre.
1) Le
droit de propriété privée (livre I, 9). La propriété privée ne relève
pas pour Rousseau d’un droit naturel mais du droit positif. Je ne
deviens propriétaire de ma maison que par un acte juridique alors que
le voleur de ma voiture n’en sera que le possesseur (non le
propriétaire). Or la propriété n’est légitime que si le Tout (le peuple
souverain) redistribue les biens (ROUSSEAU pense surtout aux terres) en
fonction des besoins réels de chacun, afin que personne n’ait rien de
trop et que tout le monde ait quelque chose (voir la note de la fin du
chap. 9 livre I). Trop d’inégalités sociales reviendrait en effet, à
rendre caduque l’égalité devant la loi et le droit ne serait profitable
alors qu’à ceux qui ont beaucoup... cette mise en garde est loin d’être
périmée malheureusement. Sur ce point, bon nombre de révolutions en
Amérique du Sud, mettront à profit cette règle de partage des
richesses, au grand dam des grands propriétaires terriens expropriés…
le droit de propriété n’est donc pas ici un droit naturel et sacré…
comme l’affirme pourtant la déclaration des droits de l’homme de 1789 !
2)
Le droit pénal ou droit de punir (I, et II, 5) : de quel droit punit-on
? En menaçant les biens et la vie des autres membres, le citoyen
devient un “ennemi” du peuple puisqu’il va contre la finalité première
du contrat (protec-tion des biens et des personnes). Du coup, la
République le traite comme un ennemi et « le droit de la guerre est de
tuer le vaincu » (peine de mort). Si le coupable n’a fait que désobéir
aux lois, on le forcera à l’obéissance, c’est à dire, on le « forcera à
être libre » (chap.7). La force de l’Etat est donc nécessaire à la
liberté selon Rousseau, dès lors que la force tire son principe du
droit et celui-ci de la souveraineté du peuple. (le paradoxe de la
formule de Rousseau « on le forcera à être libre » s’éclaire par
ailleurs, dès que l’on définit la liberté politique par le fait de
n’obéir qu’aux lois)
3)Le droit politique ou constitutionnel (II, 6, 12) définissant nos lois fondamentales :
Lorsque
“tout le peuple statue sur tout le peuple” les lois qui en résultent
sont les « lois politiques » (dont notre droit constitutionnel actuel
serait une illustration). Mais il faut ajouter que lorsque le peuple se
prononce sur un fait ou une personne en particulier, il ne s’agit que
d’un décret (ex. élection d’un Président de la République). Si au
contraire, il n’en-visage que lui—même dans sa totalité (condition pour
que la loi soit générale), ce rapport du Tout avec le Tout définit
précisément la loi au sens fort du terme (ex. en 1958, le référendum
pour valider la constitution de la Ve République. Ici, tout le peuple
statue sur tout le peuple). Imposer à un peuple, une constitution qu’il
n’aurait pas validée (par un référendum), serait nier sa souveraineté
et par là, nier le principe même de l’Etat de droit… par exemple,
l’actuelle construction européenne pourrait-elle s’exempter de cette
règle élémentaire sans bafouer la démocratie ?
Sur la
question du fondement du droit, le débat reste ouvert. La philosophie
contractuelle est à distinguer de 2 autres réponses possibles. L’école
positiviste (de Hans Kelsen par exemple) refuse de reconnaître une
norme de justice extérieure au droit, à laquelle il devrait rendre des
comptes… la norme du droit, c’est le droit positif lui même dira le
positivisme juridique, faute de pouvoir trouver une norme de justice
universellement reconnue. Si cette théorie a le mérite d’être
pragmatique, elle évacue un peu facilement la question incontournable
de la légitimité du droit sous prétexte de relativisme (ce qui est
juste ici ne le serait pas ailleurs…). La théorie du droit naturel
(associée au libéralisme politique cf. cours sur l’Etat) propose une
dernière réponse à notre problème. Le droit positif sera juste s’il
s’accorde avec le droit naturel (si possible, sous sa forme écrite et «
positivée » que constituent les droits de l’homme). La Vè République
dispose ainsi d’un « conseil constitutionnel » susceptible de dire si
le droit positif voté par le législatif (assemblée et sénat) est
conforme à la constitution(la déclaration des droits de l’homme ayant
alors une valeur constitutionnelle). Mais on retrouve notre débat sur
la légitimité du droit, déplacé du droit positif au droit naturel lui
même… pourquoi la propriété des terres par exemple, serait-elle un
droit naturel sacré ? Ne s’agit-il pas de sacraliser ce qui est utile
aux riches propriétaires terriens ? La même question se pose pour les
ressources naturelles de la planète (eau, gaz, pétrole…). Le droit de
propriété des multinationales sur ces richesses naturelles est-il un
droit sacré? Enfin, pourquoi les droits de l’homme définissant les
droits sociaux (les « droits à… » appelés « droits créances » par
opposition aux « droits de… » appelés « droits libertés ») tels le
droit à la santé, l’éducation, l’habitat, la nourriture, le travail…
sont-ils si peu contraignants pour nos Etats modernes ? Le « droit au
travail » est à peine reconnu (il rend pourtant le chômage illégal) et
se réduit bien souvent au simple droit (à la liberté ) de chercher du
travail », au détriment « du droit du travail »… L’homme des droits de
l’homme serait-il toujours le riche, le propriétaire ? La question du
droit du droit se repose donc toujours depuis Rousseau… et sa réponse -
la souveraineté populaire - continue de se faire entendre, n’en
déplaise aux puissants !
Marie- Nombre de messages : 180
Age : 33
Date d'inscription : 02/11/2008
Re: livre I Contrat social
c pas moi qui lai fait (faut pas pousser quand mm) mais c'est un résumé trouvé sur le site d'une université. Bien sur g perdu l'adresse donc merci copié collé.
Marie- Nombre de messages : 180
Age : 33
Date d'inscription : 02/11/2008
Re: livre I Contrat social
PAS TOUCHE, RIEN COMPRIS AU SENS ORIGINAL
Dernière édition par Hughito le Lun 20 Avr - 12:28, édité 1 fois
Hughito- Admin
- Nombre de messages : 771
Date d'inscription : 20/09/2008
Re: livre I Contrat social
résumé du livre II sur wiki: http://fr.wikipedia.org/wiki/Du_contrat_social
du livre III là: http://humanisme.canalblog.com/archives/2007/02/16/4033823.html
j'ai pas encore trouvé le livre IV
du livre III là: http://humanisme.canalblog.com/archives/2007/02/16/4033823.html
j'ai pas encore trouvé le livre IV
Marie- Nombre de messages : 180
Age : 33
Date d'inscription : 02/11/2008
Re: livre I Contrat social
Qui a modifié mon message au-dessus??????????
Hughito- Admin
- Nombre de messages : 771
Date d'inscription : 20/09/2008
Re: livre I Contrat social
Bah, c'est moi, je pensais que t'avais oublié une lettre...
("tu eres ma déesse", ça voulait pas dire grand-chose, tandis que "tu geres ma déesse", si)
Qui voudrais-tu que ce soit à part moi en passant, on n'est que trois administrateurs et Manon n'est pas venue depuis la Saint-Glinglin...?
("tu eres ma déesse", ça voulait pas dire grand-chose, tandis que "tu geres ma déesse", si)
Qui voudrais-tu que ce soit à part moi en passant, on n'est que trois administrateurs et Manon n'est pas venue depuis la Saint-Glinglin...?
Lilas- Admin
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Re: livre I Contrat social
il parlait espagnol^^
Marie- Nombre de messages : 180
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Re: livre I Contrat social
bravo
comme ça il y a une rime interne
avec gères, non.
comme ça il y a une rime interne
avec gères, non.
Hughito- Admin
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Re: livre I Contrat social
Ou encore homéotéleute, si je puis me permettre.
Léo- Nombre de messages : 140
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Date d'inscription : 20/09/2008
Re: livre I Contrat social
Ce franspagnol ne me parlait pas vraiment, autant pour moi, la prochaine fois que je voudrai corriger une de tes fautes, je ferai une retranscription phonétique avant.
Lilas- Admin
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Re: livre I Contrat social
Tu m'as fait peur Marie ! j'ai cru que tu t'étais mise à ficher de la philo
juste comme ça, qui a l'intention de revoir le Théétète ?
juste comme ça, qui a l'intention de revoir le Théétète ?
Sarah- Nombre de messages : 224
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Re: livre I Contrat social
hé hé hé je l'ai fait(très rapidement et c'était bien sûr un résumé). franchement je vois pas trop le lien avec le reste(l'éternel retour de la science de l'Etat?)
Marie- Nombre de messages : 180
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Re: livre I Contrat social
Marie a écrit:(l'éternel retour de la science de l'Etat?)
Si jamais elle nous donne ça, je demande Moulonguet en mariage déguisée en schtroumph sibérien.
Lilas- Admin
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Re: livre I Contrat social
je vous parie ce que vous voulez que ce sera un truc tout con sur l'Etat. Il faudrait revoir Machiavel plutôt que de perdre son temps avec Locke ou autre
Sarah- Nombre de messages : 224
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Re: livre I Contrat social
Non, comme l'a dit Léo, ce sera: Y a t'il une science du devenir? Ou un machin du genre.
Hughito- Admin
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Re: livre I Contrat social
ça veut rien dire
Sarah- Nombre de messages : 224
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Re: livre I Contrat social
donc c un un sujet envisageable
Marie- Nombre de messages : 180
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Re: livre I Contrat social
Si ça veut dire que chez Platon non, car tout est dans l'absolu, chez Hegel oui, chez Nieztsche le devenir est le présent ou un truc en gros, je sais pas j'ai pas assimilé encore.
Hughito- Admin
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Re: livre I Contrat social
Hugo, aurais-tu d'autres idées de plans sur des sujets qui pourraient tomber par hasard?
Lilas- Admin
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Re: livre I Contrat social
Ok pour Platon et Nietzsche mais je vois pas en quoi Hegel traite le devenir ou la science du devenir ... (tu fais allusion à l'histoire chez Hegel ?)
Sarah- Nombre de messages : 224
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Re: livre I Contrat social
Bin c'est la dialectique, et la philosophie spéculative si je n'm'abuse.
Mais rappelez-vous son petit rire méphistophélique : "oh, je crois que votre problème sera trop de choses à dire, et pas assez de tri."
Je parierais sur un sujet polémique, "les petits gros noirs et juifs ne payant pas d'impôts ne devraient-ils pas être renvoyés chez eux ?"
Avec Platon : l'étranger c'est caca
Hegel : on le reconnaît pas de toute façon
Nietzsche : l'éternel retour chez lui
Mais rappelez-vous son petit rire méphistophélique : "oh, je crois que votre problème sera trop de choses à dire, et pas assez de tri."
Je parierais sur un sujet polémique, "les petits gros noirs et juifs ne payant pas d'impôts ne devraient-ils pas être renvoyés chez eux ?"
Avec Platon : l'étranger c'est caca
Hegel : on le reconnaît pas de toute façon
Nietzsche : l'éternel retour chez lui
Léo- Nombre de messages : 140
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